Les apports de l'Intelligence Artificielle (IA) à l'analyse des décisions de justice : une approche computationnelle du tournant linguistique en droit
Auteur / Autrice : | Eva Fourel |
Direction : | Véronique Champeil-desplats, Vincent Forray |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit public |
Date : | Inscription en doctorat le 09/11/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de théorie et d'analyse du droit (Nanterre) |
Mots clés
Résumé
« La jurisprudence ne dit pas toujours ce qu'elle fait et elle ne fait pas toujours ce qu'elle dit » (F. Ost et M. Van de Kerchove, Entre la lettre et l'esprit, Bruxelles, Bruylant, 1989, p.80). L'une des limites fondamentales à l'étude des déterminants des décisions de justice réside dans notre incapacité à connaître ce que pensent les juges. L'on aurait pu espérer que les méthodes contemporaines d'analyse de la jurisprudence faisant usage de l'IA auraient pallié ce problème en indiquant des schémas récurrents à partir des données. Cependant, les algorithmes existants ne sont pas explicables, ils ne fournissent donc aucune indication quant aux intentions ou procédés des juges : pour les théoriciens comme pour les praticiens du droit, il s'agit d'un problème majeur, puisque l'argumentation est au cur de la pratique contentieuse. Il manque à l'IA, pour être explicable, une théorie ex ante des déterminants des décisions. Une telle IA explicable offrirait un moyen empirique d'appréhender les déterminants des décisions, selon des standards de falsifiabilité scientifique. L'objet de cette thèse est donc la formulation d'une théorie de la décision qui expliquerait sur le même modèle les décisions des algorithmes et des juges, grâce à la mobilisation d'outils issus des mathématiques et de l'épistémologie formelle, ce qui suppose de situer leurs déterminants sur un plan doxastique. Dans la mesure où ces algorithmes parviennent à prédire des décisions futures à partir des textes des décisions précédentes, ce travail pourrait représenter une contribution à la démonstration de la pertinence du tournant linguistique en la matière. Plus largement, il s'agira également d'envisager de quelle manière et à quelles conditions l'IA pourrait être utilisée pour fournir un support empirique dans le cadre des débats théoriques en droit. Ce travail pose notamment des questions relatives au rapport entre formalisme et réalisme.