Thèse en cours

Droit de la sûreté aérienne : recherche sur les interférences illicites dans l'aviation civile européenne et internationale

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Quentin Yssartier
Direction : Loïc Grard
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 21/09/2020
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de droit (Talence, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CENTRE DE RECHERCHES ET DE DOCUMENTATION EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Droit de la sûreté aérienne : recherche sur les interférences illicites dans l'aviation civile européenne et internationale Les interférences illicites dans l'aviation civile portent atteinte à la sûreté du transport aérien. La sûreté a pour objectif de prévenir tout type d'actes malveillants volontaires d'origine humaine, destinés à affecter les intérêts publics ou privés de la nation et des personnes. Les interventions illicites peuvent être le fait de passagers ou du personnel. L'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) donne une définition de la sûreté dans son annexe 17, elle est comprise comme «la protection de l'aviation civile contre les actes d'intervention illicites par une combinaison de mesures et de moyens humains et matériels». Les interférences illicites peuvent notamment être d'origine terroriste, l'aviation civile est aujourd'hui, en effet, devenue une cible privilégiée des mouvements terroristes à travers le monde. Les attentats connaissent généralement un retentissement médiatique important, ils génèrent de lourdes pertes humaines et économiques pour les compagnies aériennes. Les exemples récents que sont l'explosion en vol de l'Airbus A321 de la compagnie russe MetroJet en 2015 ainsi que les attentats des aéroports de Bruxelles et d'Istanbul en 2016 permettent de rendre compte de la menace de plus en plus importante que font peser les actes terroristes sur l'aviation civile. Les attentats du World Trade Center ont eu une incidence majeure dans la prise de conscience de la Communauté internationale qui a élaboré un cadre normatif adéquat afin de répondre de manière efficace à cette menace. L'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) réfléchit à intégrer la problématique des drones ainsi que celle des cyber attaques dans ses normes et pratiques recommandées. L'OACI dispose de deux moyens pour édicter des normes en ce qui concerne la sûreté de l'aviation civile internationale. Le Conseil de l'OACI peut adopter des normes et pratiques recommandées internationales (SARPs Standards and Recommended Practices en anglais) ou les États membres peuvent adopter des conventions internationales de droit aérien. Le préambule de la Convention de Chicago du 7 décembre 1944 constitue d'ailleurs le fondement de l'action de l'OACI contre le terrorisme en commençant par énoncer que : « le développement (...) de l'aviation civile internationale peut grandement aider à créer et préserver entre les nations et les peuples du monde entier l'amitié et la compréhension, alors que tout abus qui en serait fait peut devenir une menace pour la sécurité générale ». L'action de l'OACI contre le terrorisme porte sur plusieurs axes tels que la régulation de l'aviation internationale, les vérifications des systèmes de sûreté des États ainsi qu'un dispositif de soutien en cas de besoin. La Conférence de haut niveau sur la sûreté de l'aviation de 2018 s'est positionnée en faveur de l'édiction de normes par l'OACI en vue d'intensifier l'inspection du personnel des aéroports, de réfléchir à la mise en place d'un groupe d'experts concernant la cyber-sécurité dans l'aviation civile internationale et de favoriser l'élaboration d'une réglementation pour la collecte, le traitement et l'utilisation des données des passagers. La Conférence envisage également une possible refonte des normes afin de disposer d'un cadre normatif solide. L'Union européenne s'investit notamment en ce qui concerne les programmes d'assistance afin d'accompagner les États les plus en difficulté dans la mise en œuvre des SARPs. L'adoption de la Résolution 2309 par le Conseil de Sécurité de l'ONU en septembre 2016 puis du Plan mondial de sûreté de l'aviation en novembre 2017 par le Conseil de l'OACI ont donné un nouvel élan dans la lutte contre le terrorisme. La Résolution 2309 invite les États à appliquer de manière plus stricte les SARPs de l'OACI et elle a également contribué à une collaboration plus étroite avec le Comité du contre-terrorisme. Plusieurs Conventions internationales complètent les normes et pratiques recommandées de l'OACI en matière de sûreté. Tout d'abord il existe la Convention de Tokyo de 1963 concernant les infractions et autres actes commis à bord des aéronefs, qui contient les fondements du droit international en matière de sûreté du transport aérien. Elle attribue la compétence juridictionnelle à l'État exploitant, mais elle ne définit pas clairement les infractions ainsi que les sanctions encourues. En 2014 s'est tenue une conférence diplomatique ouvrant à la signature le protocole de Montréal qui amende la Convention de Tokyo. Ce protocole répond de manière plus adéquate aux problèmes causés par des passagers indisciplinés. En 1970, la Convention de La Haye qui traite de la capture illicite d'aéronefs a vu le jour, elle est entrée en vigueur le 14 octobre 1971. Durant cette même année, la Convention de Montréal relative à la répression d'actes illicites à l'encontre de la sécurité de l'aviation civile internationale a été conclue. Elle ajoute de nouvelles infractions par rapport à la Convention de la Haye. Entrée en vigueur le 26 janvier 1973, un protocole est venu s'ajouter en 1988 concernant la répression des actes illicites de violence dans les aéroports internationaux. En dernier lieu, en septembre 2010 à Pékin, ont été adoptés la Convention de Pékin sur la répression des actes illicites dirigés contre l'aviation internationale qui se substitue à la Convention de Montréal de 1971 et un protocole additionnel, dit protocole de Pékin, complétant la Convention de La Haye et donnant une plus grande portée à cette dernière. Sur le plan européen, suite aux attentats du 11 septembre 2001, la Commission européenne, ainsi que les États membres ont mis au point un règlement, le règlement (CE) n° 2320/2002 relatif à l'instauration de règles communes dans le domaine de la sûreté de l'aviation civile avec pour but de protéger l'aviation civile contre des actes illicites et de faire en sorte que les États membres disposent d'une base d'interprétation commune concernant l'annexe 17 de la convention de Chicago contenant des SARPs. En mars 2008, ledit règlement a été remplacé par le règlement (CE) n° 300/2008. L'Union européenne possède un cadre normatif contraignant et elle applique des principes essentiels fondés sur la responsabilité des États membres. Ce cadre normatif de l'Union européenne englobe tous les aspects du transport aérien qui peuvent constituer une atteinte à la sûreté des aéronefs et des infrastructures notamment les aéroports. La sûreté aérienne reste un sujet d'actualité qui amène entre autres à réfléchir sur l'interaction entre le droit européen et le droit international.