Thèse en cours

Évolution des comportements de consommation des foyers selon la fécondité et conséquences environnementales

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Auteur / Autrice : Yuejia Sun
Direction : Christophe BergouignanDidier Breton
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Démographie
Date : Inscription en doctorat le 09/11/2020
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Entreprise, économie, société (Pessac, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale (Pessac, Gironde)

Résumé

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L'empreinte écologique globale d'une société est le produit de deux facteurs essentiels : l'empreinte écologique individuelle (ou personnelle) et le nombre de personnes qui la composent. L'importance du facteur « population » est centrale puisque, depuis le début des années 1960, la croissance démographique explique environ les ¾ de l'augmentation de l'empreinte écologique mondiale totale (Bergouignan, 2016). Ce constat qui signifie que l'empreinte écologique personnelle moyenne des humains n'a, en comparaison, que peu augmenté (environ +25%), peut sembler surprenant vu la très grande attention accordée à la réduction de la composante carbone de l'empreinte écologique individuelle moyenne dans les politiques de développement durable. Il s'explique essentiellement par la persistance d'une empreinte écologique très faible (bien qu'en légère augmentation) dans les pays les plus pauvres d'Afrique dont le poids démographique s'est très fortement accru (Bergouignan, 2016). Dans ces conditions, on peut imaginer que les variations de la fécondité devraient influencer de façon majeure (à moyen terme, en raison de l'inertie démographique) les évolutions futures de l'empreinte écologique mondiale totale. Pourtant, si l'on considère, non plus l'ensemble de la planète, mais des sociétés plus homogènes dont la fécondité a diminué de façon importante depuis les années 1960, le constat est plus mitigé. Ainsi, dans beaucoup de pays dont la fécondité a fortement diminué, induisant, à un terme plus ou moins long, un ralentissement de la croissance démographique, voire une légère diminution de la population, l'empreinte écologique personnelle moyenne s'est fortement accrue. De ce fait, l'empreinte écologique globale de ces sociétés a continué à s'accroître, à un rythme certes inférieur à ce qu'il aurait été si la fécondité et l'empreinte écologique individuelle étaient restées inchangées, mais à un rythme cependant très important. Extrêmement divers sur les plans géographique et culturel, les pays dans lesquels on constate cette cooccurrence entre baisse de la fécondité et augmentation de l'empreinte écologique personnelle moyenne, le sont aussi par la forme que prennent ces évolutions. Dans certains cas (Inde, Mexique, Tunisie, Turquie), on constate la baisse très forte d'une fécondité initialement très élevée (avec un indicateur conjoncturel de l'ordre de 6 enfants par femme) parallèlement à une hausse modérée et, le plus souvent (à l'exception du Mexique), assez régulière de l'empreinte écologique individuelle. Dans d'autres cas (Chine, Vietnam), la baisse de la fécondité semble intervenir comme un préalable à une forte hausse relativement récente de l'empreinte écologique individuelle moyenne. Bien que partant d'une fécondité très inférieure, le Chili (environ 4 enfants par femme dans les années 1960) et le Portugal (environ 3 enfants par femme dans les années 1960) paraissent également reproduire ce schéma de baisse préalable du nombre moyen d'enfants par femme. Enfin, la diminution de plus de 1,5 enfant par femme de la fécondité du moment des Néerlandaises entre les années 1960 et 1970, s'est faite presque parallèlement à un doublement de l'empreinte écologique personnelle moyenne aux Pays-Bas. Il existe bien sûr des contre-exemples avec des pays ayant connu simultanément une baisse de la fécondité et de l'empreinte écologique moyenne des habitants. Ce fut notamment le cas dans des situations de crise, en Europe de l'Est durant les années 1990 avec l'effondrement des institutions héritées de la période soviétique, ou en Espagne, en Grèce et au Portugal, au début des années 2010 lors de la crise des dettes souveraines. Au-delà de ces exceptions, plusieurs hypothèses permettent d'expliquer la cooccurrence plus ou moins décalée dans le temps de la baisse de la fécondité et de l'augmentation de l'empreinte écologique personnelle moyenne observées dans beaucoup de populations. L'objectif de cette thèse est d'explorer de façon approfondie l'une d'entre elles, essentiellement à partir de micro-données françaises issues d'enquêtes pilotées par l'INSEE.