Thèse soutenue

Trouble de stress post-traumatique et trouble de stress post-traumatique complexe chez les personnes LGBTQIA+ : prévalences et facteurs associés

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Auteur / Autrice : William Peraud Berthelot
Direction : Bruno Quintard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 12/12/2024
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Nicole Rascle
Rapporteurs / Rapporteuses : Elodie Charbonnier, Olivier Vecho

Résumé

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Contexte : les personnes LGBTQIA+ représentent 9% de la population (IPSOS, 2023). Sous le sigle LGBTQIA+ se regroupent des personnes aux profils variés au regard de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leurs caractéristiques anatomiques, ou plus largement de leur rapport à la norme hétérosexuelle et cisgenre. Les personnes LGBTQIA+ constituent une population vulnérable, notamment en termes de santé physique et psychologique. Fréquemment exposées de manière chronique, dès l’enfance, à des violences de nature interpersonnelle, pouvant parfois impliquer les figures d’attachement, les personnes LGBTQIA+ réunissent les principaux facteurs de risque de développement d’un Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) ou d’un Trouble de Stress Post-Traumatique Complexe (TSPT-C). Méthode : le premier article établit la traduction et la validation transculturelle de l’International Trauma Questionnaire (ITQ ; Cloitre et al., 2018), un auto-questionnaire permettant d’évaluer les symptômes de TSPT et TSPT-C selon les critères de la Onzième Classification Internationale des Maladies (CIM-11). Le second article est une revue systématique de la littérature visant à recenser les prévalences de TSPT et de TSPT-C chez les personnes LGBTQIA+ et à identifier les facteurs associés aux symptômes de TSPT et de TSPT-C. Le troisième article présente les résultats d’une étude empirique menée en France en population générale adulte comprenant des personnes LGBTQIA+, visant à comparer l’exposition aux violences (discriminations, évènements potentiellement traumatiques), leurs répercussions traumatiques (TSPT, TSPT-C) et à explorer les facteurs pouvant influencer la symptomatologie. Résultats : le travail de traduction et validation transculturelle a rendu disponible une version française de l’ITQ valide et présentant une structure factorielle équivalente à la version originale. L’outil montre une validité convergente et divergente satisfaisantes, ainsi qu’une bonne stabilité dans le temps (Peraud et al., 2022). La revue systématique de la littérature portant sur 60 articles a permis de relever des prévalences de TSPT extrêmement élevées chez les personnes LGBTQIA+. Certains groupes apparaissent comme particulièrement vulnérables, notamment les personnes bisexuelles (10,3-35,7% TSPT) et les personnes transgenres (36,8-64,3% TSPT). Les facteurs associés aux symptômes se situent à des niveaux multiples : individuel, interpersonnel, organisationnel, communautaire et politique (Peraud et al., en révision). L’étude empirique menée en France sur un échantillon de 2175 personnes a montré des taux d’exposition aux violences particulièrement élevés chez les personnes LGBTQIA+ en comparaison des personnes cisgenres hétérosexuelles. Cela se traduit par des prévalences de TSPT et de TSPT-C élevées, en particulier chez les personnes transgenres et de la diversité de genre (10-14% TSPT ; 12-32% TSPT-C ; 25-46% prévalence cumulée) et les personnes pansexuelles (11,6% TSPT ; 28 ;4% TSPT-C ; 40% prévalence cumulée) (Peraud et al., en préparation). Les analyses de régressions hiérarchiques montrent que de nombreux facteurs participent à la symptomatologie de TSPT et TSPT-C (e.g., dissociation, caractéristiques des violences, fonctionnement familial, coping). Certains facteurs semblent plus spécifiques à la population LGBTQIA+ (e.g., discriminations, violences en lien avec l’identité LGBTQIA+, revenus, âge) (Peraud et al., en préparation). Discussion : les résultats de cette recherche doctorale soulignent que l’exposition aux violences chez les personnes LGBTQIA+ relève d’un enjeu de santé publique. Il apparaît aujourd’hui essentiel de soutenir les actions déjà existantes et de proposer de nouveaux dispositifs de prévention et de soin auprès de ces personnes. Cela ne peut pas exister sans une volonté institutionnelle et politique ancrée dans la lutte contre les inégalités.