Thèse soutenue

Étude pharmaco-épidémiologique de l'impact de l'épidémie de COVID-19 sur les traitements cardiovasculaires

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Auteur / Autrice : Clément Mathieu
Direction : Antoine Pariente
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacologie - Option pharmaco-épidémiologie, pharmaco-vigilance
Date : Soutenance le 09/03/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Catherine Quantin
Examinateurs / Examinatrices : Vianney Jouhet, Karen Leffondré
Rapporteurs / Rapporteuses : Agnès Sommet, Pascale Tubert-Bitter

Résumé

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Depuis janvier 2020, la pandémie de COVID-19 a entraîné dans le monde entier la mise en place de mesures de contrôle épidémiques inédites et d’importantes modifications du mode de vie dictées par la nécessité de faire face aux vagues successives de la pandémie. Le suivi quotidien de l'expansion de la pandémie et de l'efficacité de son contrôle a permis d'évaluer ses conséquences directes sur la santé en termes d'infections, d'hospitalisations, de décès, et à plus long terme d’impact sur l’espérance de vie. Des interrogations ont émergé concernant d’autres impacts de l’épidémie. Ainsi rapidement, une baisse importante du nombre d’hospitalisations pour accidents cardiovasculaires a été constatée pendant les périodes les plus strictes de restriction de la mobilité. Elle a fait craindre une diminution de l’accès aux soins liée à ces restrictions ou à l’embolisation du système de santé par l’épidémie elle-même. Des études publiées ont ensuite démontré que les conséquences sanitaires de la pandémie dépassaient largement les cas décomptés quotidiennement. S’agissant des maladies cardiovasculaires, une des principales craintes concernant l’impact de la pandémie porte sur un retard de prise en charge ou sur une perte de la continuité des soins pour les patients déjà traités. Dans ces maladies pour lesquelles les traitements jouent un rôle préventif essentiel, l'optimisation et la permanence du traitement sont déterminantes en termes de risque de survenue d’événements. Dans ce contexte, nous avons souhaité évaluer l'impact de la pandémie sur les traitements médicamenteux de prévention cardiovasculaire en France et avons cherché à en estimer les conséquences sanitaires. Nous avons ainsi utilisé les données issues du Système National des Données de Santé (SNDS). Dans une première étude, nous avons étudié à l’aide d’analyses de séries chronologiques interrompues l’impact quantitatif potentiel de l’épidémie et des mesures associés sur les traitements cardiovasculaires. Nous avons ainsi mis en évidence un phénomène initial massif de stockage pour ces traitements précédant immédiatement le premier confinement. Par la suite, nous avons observé une diminution de l’utilisation de ces médicaments comparativement à l’attendu durant le premier confinement, avant un retour à un niveau habituel au cours des mois qui ont suivi. Par ailleurs, une augmentation des interruptions de traitement a été observée dès les premières semaines de l’épidémie, parallèlement à une baisse très importante des initiations de traitements, et ce quelle que soit la classe pharmacologique. Dans une seconde étude, nous avons étudié, toujours à l’aide de séries chronologiques interrompues, l’impact qualitatif potentiel de l’épidémie et des mesures associés sur les traitements cardiovasculaires. Nous nous sommes pour cela intéressé aux interruptions de traitement concernant les médicaments antihypertenseurs et avons retrouvé des résultats rassurants. Malgré un excès du nombre d’interruptions d’antihypertenseurs, l’épidémie de COVID-19 semble n’avoir eu aucun impact significatif ni sur la fréquence de reprise ou de changement de traitement après une interruption, ni sur le délai entre l'interruption et la reprise du traitement après celle-ci. Les caractéristiques de la population ayant présenté des interruptions pendant l’épidémie ne semblaient en outre pas différentes de celles de la population ayant présenté des interruptions avant celle-ci, dans un contexte normal de prise en charge et d’accès aux soins. Ces résultats étaient rassurants concernant l’impact potentiel que l’épidémie de COVID-19 et des mesures associées auraient pu avoir, via leurs conséquences sur les traitements médicamenteux, sur la santé cardiovasculaire, impact qui a été étudié dans la troisième étude menée dans cette thèse et dans lequel nous avons recherché, dans une étude de cohorte, une modification de l’effet des interruptions des antihypertenseurs liée à l’épidémie de COVID-19 (...).