Premiers usages d’alcool, de tabac, de cigarette électronique et de cannabis : enjeux liés à l’utilisation des réseaux sociaux chez les collégiens et aux relations romantiques chez les étudiants
Auteur / Autrice : | Mathilde Janota |
Direction : | Mathilde Husky |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 22/11/2024 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sociétés, Politique, Santé Publique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bordeaux population Health |
Jury : | Président / Présidente : Stacey Callahan |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Karila | |
Rapporteur / Rapporteuse : Lucia Romo, Abdel-Halim Boudoukha |
Mots clés
Résumé
L’alcool, le tabac, le cannabis et plus récemment la cigarette électronique figurent parmi les substances psychoactives les plus consommées en France. Les premières expérimentations surviennent majoritairement tôt, dès le début du collège, puis augmentent jusqu’au début de l’âge adulte. Cependant, la précocité de la première consommation est associée à un risque accru de développer des troubles de l’usage entraînant des conséquences négatives élevées tant sur la personne que sur son fonctionnement quotidien. Ces conséquences s’expriment également à partir de niveaux de consommation inférieurs, et impactent différentes sphères de la vie, incluant les relations interpersonnelles. Ces relations sont particulièrement importantes durant la période de l’émergence de l’âge adulte, également marquée par une augmentation des consommations d’alcool. La première étude de cette thèse explorait donc les liens entre l’usage d’alcool à risque et les relations romantiques auprès d’un échantillon d’étudiants, de manière transversale, puis à un an de suivi. Les données utilisées ont été collectées dans le cadre du volet français du projet international World Mental Health College Student Survey, une enquête par questionnaire en ligne avec suivi annuel, visant à caractériser les besoins en santé mentale des étudiants. L’usage d’alcool à risque était associé à des relations romantiques instables, ainsi qu’à un stress important concernant sa propre vie amoureuse. Cependant, les associations à long terme n’étaient plus significatives après ajustement sur la santé mentale vie entière. Ces résultats soulignent l'importance de prendre en compte des niveaux de consommation inférieurs à ceux d'un trouble de l'usage. En effet, tandis que la majorité de la population va expérimenter au moins une substance psychoactive au cours de sa vie, généralement l’alcool, seules certaines personnes développeront un trouble associé. Ainsi, s’intéresser aux différents niveaux d’usage avant l’apparition du trouble, et plus particulièrement aux transitions entre ces niveaux, revêt une importance particulière dans la compréhension des trajectoires de consommation et dans leur prévention. À cet égard, identifier des facteurs associés aux différentes transitions semble essentiel, et ce dès la transition du non-usage à l’expérimentation. La deuxième étude de cette thèse visait à examiner les liens entre l’utilisation des réseaux sociaux et l’expérimentation de substances au début de l’adolescence. L'exploration de cet environnement, encore peu investigué, semblait d'autant plus pertinente en raison de sa popularité auprès des adolescents et de sa propension à relayer du contenu impliquant des substances. Ainsi, les données utilisées ont été recueillies dans le cadre de l’enquête multicentrique Cyberlife (2019-2023). À partir des réponses auto-rapportées par des collégiens, l’étude a mis en évidence que : (1) la multiplication de comptes sur des sites différents ; (2) l’utilisation de certains réseaux sociaux comme Instagram et TikTok ; et (3) le fait de suivre des créateurs ayant déjà publié du contenu impliquant des substances, entraînaient un risque accru d’expérimenter au moins une substance parmi celles étudiées. Cette thèse met en évidence la nécessité de s’intéresser davantage aux niveaux d’usage en deçà du seuil diagnostic du trouble de l’usage. Ainsi, l’exploration des transitions entre ces niveaux et les facteurs qui y seraient associés pourrait constituer une piste à approfondir à travers de futures recherches, afin de mieux comprendre les trajectoires de consommation et orienter en conséquence les efforts de prévention. Par ailleurs, l’étude des réseaux sociaux en lien avec l’expérimentation des substances à l’adolescence revêt un intérêt particulier et mériterait d’être approfondie en améliorant la mesure de leur utilisation, ainsi qu’en intégrant d’autres facteurs qui pourraient contribuer aux associations observées.