Exposition à la pollution atmosphérique et vieillissement oculaire : approche épidémiologique
Auteur / Autrice : | Laure Gayraud |
Direction : | Cécile Delcourt |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Santé publique Option Epidémiologie |
Date : | Inscription en doctorat le 23/09/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sociétés, Politique, Santé Publique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bordeaux Population Health Research Center |
Equipe de recherche : E4 - Lifelong Exposures, Health and Ageing_LEHA |
Mots clés
Résumé
Les maladies du vieillissement oculaire, telles que la cataracte, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) et le glaucome, sont les trois premières causes de cécité dans le monde. Le stress oxydatif est un facteur clé dans leur développement, et l'exposition à la pollution de l'air, bien connue pour exacerber le stress oxydatif, pourrait favoriser la survenue de ces maladies. Les travaux de cette thèse visent à étudier l'association entre l'exposition à la pollution atmosphérique et la dégénérescence des fibres nerveuses rétiniennes, ainsi que l'incidence de la cataracte et de la DMLA, en s'appuyant sur 3 grandes cohortes françaises regroupant plus de 36 000 participants suivis pendant plus de 10 ans. Les cas de cataracte et de DMLA ont été identifiés à partir du Système National des Données de Santé (SNDS) dans les cohortes nationales Constances et Gazel, ou vérifiés par un ophtalmologiste dans la cohorte 3C-Alienor. En outre, dans la cohorte 3C-Alienor, des mesures répétées par tomographie à cohérence optique (OCT) ont permis la mesure précise de l'épaisseur des fibres nerveuses rétiniennes (RNFL), qui est un biomarqueur de la neurodégénérescence dans le glaucome. L'exposition à la pollution de l'air, notamment le dioxide d'azote (NO2) et les particules fines (PM2.5 et Black Carbon (BC)) a été estimée à l'aide de modèles « Land Use Regression » (LUR), permettant une estimation précise des concentrations, avec une résolution de 100 mètres, basé sur le géocodage de l'adresse des participants. Les résultats ont permis de mettre en évidence un amincissement accéléré de la couche des fibres nerveuses rétiniennes (RNFL), chez les participants de la cohorte 3C-Alienor les plus exposés aux particules fines (PM2.5 et BC). Cette observation suggère un effet potentiellement neurotoxique des particules fines sur le nerf optique. Par ailleurs, dans l'ensemble des cohortes Constances et Gazel ainsi que dans la cohorte 3C-Alienor, les participants exposés à plus de, respectivement, 38,5 et 40 µg/m3 de NO₂ (le seuil règlementaire européen actuel étant fixé à 40 µg/m3) présentaient un risque accru de chirurgie de la cataracte, en particulier chez les individus vivant en milieu urbain. Enfin, les participants les plus exposés au carbone suie (BC), une composante des particules fines issue des activités de combustion, avaient un risque 88 % plus élevé de développer une DMLA dans la cohorte Constances, bien que cette association n'ait pas été retrouvée dans la cohorte Gazel. Ces résultats suggèrent que le NO₂ a un effet significatif sur le développement de la cataracte, tandis que les particules fines (PM2.5 et BC) contribuent à la dégénérescence rétinienne, même à des niveaux de pollution inférieurs aux limites réglementaires actuelles de l'Union européenne. Les données de cette thèse renforcent les preuves des effets nocifs de la pollution de l'air sur la santé oculaire et soutiennent la nécessité de réviser à la baisse les seuils réglementaires européens, conformément aux recommandations de l'OMS.