Thèse en cours

Enjeux inconscients dans le devenir mère impossible-Etude clinique et psychanalytique

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Auteur / Autrice : Lida Bitrou
Direction : Houari MaÏdi
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie
Date : Inscription en doctorat le 10/11/2021
Etablissement(s) : Besançon, Université Marie et Louis Pasteur
Ecole(s) doctorale(s) : SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie

Résumé

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La maternité était depuis toujours considérée comme un aspect prépondérant de la féminité. L'enchevêtrement du féminin et du maternel est reflété dans la question qui n'a jamais cessé de se poser dans le temps par les philosophes, les psychanalystes, les sociologues, les théologiens et les autres experts des champs disciplinaires concernés, et bien sûr par les femmes elles-mêmes, formulée simplement ainsi : « Une femme est-elle vraiment une femme si elle ne devient pas mère » ? Si on restait fidèles à Freud et sa théorie sur la féminité de 1933, on serait obligés de répondre négativement puisque pour lui la fille « naît » de son désir d'avoir un enfant avec le père œdipien. Un désir qui se réalisera bien sûr plus tard dans sa vie avec un autre homme que son père, quand sa maturité corporelle et psychique le lui permettra. Du point de vue freudien, c'est à ce jalon de son développement psychosexuel, notamment le complexe d'Œdipe, que la femme obtient son identité sexuée féminine, à condition qu'elle change d'objet d'amour en se détournant de sa mère et en se tournant vers son père, car lui seul est capable de lui offrir un bébé pour compenser le manque du phallus lié à son sexe féminin et ainsi restituer son narcissisme blessé. Pourtant on voit qu'en réalité la féminité est plus complexe que cela puisqu'il y a des femmes qui sont bel et bien féminines mais ont de la difficulté, voire impossibilité parfois, à devenir mères. Dans plusieurs cas, comme ceux qu'on rencontre dans la clinique de la procréation médicalement assistée (PMA), cette difficulté d'origine psychique et inconsciente s'exprime dans le corps et se traduit en l'infertilité que la femme cherche à guérir par des moyens médicaux somatiques sans se demander dans la plupart de cas sur les aspects psychiques de son problème. Chez d'autres femmes chez qui la difficulté psychique de devenir mère est moins concrète et ne se traduit pas en incapacité corporelle de tomber enceinte ou maintenir une grossesse, cet embarras autour de la maternité peut prendre la forme de l'ambivalence du désir d'enfant comme c'est le cas des avortements répétitifs où la femme tombe et retombe enceinte sans jamais devenir mère à la fin. Elle peut également s'exprimer par le choix des partenaires qui ne veulent pas avoir d'enfant ou sont inadéquats pour construire une famille, ou même par cette forme d'« ascétisme maternel » qui décrit l'abstinence procréative volontaire chez une femme fertile. Une femme qui est en relation avec un partenaire approprié mais préfère canaliser son potentiel maternel dans d'autres buts que la maternité. Des buts impliquant souvent la prise en soin d'autres personnes dans sa famille ou sa vie professionnelle, tout en souffrant à la vue des femmes de son entourage devenir mères. Dans cette thèse nous tenterons d'investiguer les enjeux inconscients de cette obstruction dans le « devenir mère » qui est en principe psychique et se manifeste souvent comme incapacité corporelle de concevoir ou maintenir une grossesse, mais peut aussi trouver d'autres voies pour bloquer la réalisation du désir là où ce désir existe, même s'il est souvent refoulé ou supprimé. Nous tirons nos conclusions qui sont aussi étayées par la littérature psychanalytique sur les sujets de la maternité et les difficultés psychiques qui l'entourent, à partir de notre travail avec des femmes qui appartiennent aux catégories mentionnées auparavant. Ces femmes sont rencontrées soit dans la clinique de la PMA, soit dans notre pratique clinique en cabinet libéral. Il s'agit d'une recherche qualitative basée sur les entretiens cliniques uniques effectués dans une unité de PMA d'un côté et des études de cas provenant des psychothérapies psychanalytiques au long cours de l'autre côté effectuées en cadre libéral. Enfin, il est important de noter que cette étude n'a en aucun cas comme but de pathologiser le choix d'une femme de ne pas devenir mère. Spécialement dans une époque où on peut même choisir son genre sexué. Nous pensons pourtant que puisqu'on rencontre autant de femmes dans notre pratique clinique voulant devenir mères mais ne peuvent ou ne savent pas en un sens comment, on doit chercher à les soutenir dans un travail d'élaboration psychique, de comprendre les enjeux inconscients les ayant amenés à cet état de souffrance afin de pouvoir les aider à mieux vivre en acceptant l'impossibilité de devenir mère ou en la transformant en possibilité.