L'enseignement islamique au Sénégal: enjeux, réalités et défis.
Auteur / Autrice : | Mouhamed Gueye |
Direction : | Jean-François Bruneaud |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Science de l'éducation et de la formation |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire cultures, éducation, sociétés (Bordeaux ; 2007-...) |
Mots clés
Résumé
Le Sénégal, un pays laïc et démocratique, possède un système éducatif à deux niveaux. Celui-ci comprend à la fois un enseignement formel et un enseignement non formel. L'enseignement formel est principalement constitué d'établissements proposant un enseignement laïc, tels que les écoles publiques, les écoles privées laïques et les écoles privées catholiques. L'enseignement privé catholique est considéré comme laïc, car à l'exception d'une heure par semaine consacrée à un cours de catéchèse réservé aux élèves de confession chrétienne, le reste du programme est entièrement laïc. L'enseignement non formel englobe les écoles coraniques, les écoles franco-arabes, les écoles communautaires et les programmes d'alphabétisation. Cela représente un obstacle à l'évolution du système éducatif au Sénégal, car il compte un nombre significatif d'enfants considérés comme non scolarisés, qui étudient dans des conditions précaires et difficiles. Ainsi, l'État du Sénégal a lancé un projet de réforme de son système éducatif depuis les années 2000, entraînant notamment l'institutionnalisation de certaines écoles franco-arabes, la modernisation des daara (écoles coraniques) grâce à un programme d'alphabétisation appelé « daara PAQEEB » (Programme d'Amélioration de la Qualité et de l'Équité de l'Éducation de Base) ainsi que l'introduction de l'enseignement religieux au niveau de l'école primaire. Ces réformes ont contribué à transformer des écoles qui étaient auparavant considérées comme non formelles (car issues d'initiatives privées non reconnues par l'État) en écoles formelles (publiques) bénéficiant de subventions de l'État et relevant du ministère de l'Éducation nationale. D'autres écoles non formelles sont en cours de modernisation et de régularisation. Cependant, les établissements franco-arabes officiellement reconnus font face à des défis notables qui entravent leur développement. La politique de modernisation des daara est confrontée à des obstacles financiers et à la résistance de certains acteurs religieux. De plus, l'examen des réformes destinées à l'enseignement islamique a révélé une forte implication de l'acteur international dans le processus de financement, mais aussi dans l'orientation éducative des daara et des établissements franco-arabes, notamment par l'ajout de programmes d'alphabétisation et par l'intégration de contenus issus de l'éducation formelle classique. Le respect de ces conditions était essentiel pour obtenir un financement. En ce sens, notre problématique de recherche vise à examiner l'autonomie politique et économique de l'État dans la gestion de l'éducation en questionnant son rôle dans les résultats mitigés de la réforme. De plus, il s'agit d'analyser la (re)définition de l'enseignement islamique dans le paysage éducatif sénégalais deux décennies après le début des réformes. Cette thèse se donne deux objectifs principaux : d'abord, elle vise à examiner l'autonomie politique et économique de l'État dans la gestion de l'éducation et cherche à expliquer les résultats mitigés des réformes éducatives, en analysant l'impact des enjeux politiques, économiques, éducatifs, religieux et internationaux sur la mise en uvre et les limites de la politique de modernisation et d'institutionnalisation de l'enseignement islamique. Ensuite, elle se propose d'étudier la redéfinition et/ou la place de l'enseignement islamique vingt ans après le début des réformes du système d'enseignement islamique, en analysant spécifiquement les nouvelles normes éducatives et leur influence sur les écoles islamiques. Ainsi, la question de recherche principale est la suivante : En quoi les enjeux politiques, économiques, éducatifs, religieux et internationaux de la modernisation des daara PAQEEB et de l'institutionnalisation des établissements franco-arabes au Sénégal remettent-ils en cause l'autonomie politique et économique de l'État dans la gestion de l'éducation et expliquent les résultats mitigés de ces réformes ? De plus, quelle place et/ou quelle (re)définition de l'enseignement islamique émerge dans le paysage éducatif sénégalais deux décennies après le début de ces réformes ? Une approche socio-historique sera adoptée pour mener à bien les recherches, et une démarche diachronique sera employée pour étudier en détail les différentes thématiques. Enfin, la méthodologie utilisée comprendra des entretiens semi-directifs, une recherche documentaire approfondie et l'observation in situ. En résumé, cette thèse se concentre sur deux aspects clés : les limites des réformes éducatives de 2000 à destination de l'enseignement islamique en questionnant la gestion politique et économique autonome de l'État dans le domaine de l'éducation et l'analyse de la transformation des écoles islamiques qui s'inscrivent dans une nouvelle dynamique avec notamment l'émergence de nouveaux acteurs.