Thèse en cours

Dynamiques spatiale et temporelle de la diversité, des assemblages, et des populations de vers de terre en France métropolitaine

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Auteur / Autrice : Sylvain Gerard
Direction : Mickael HeddeThibaud Decaens
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Ecologie des communautés
Date : Inscription en doctorat le 31/08/2021
Etablissement(s) : Institut Agro
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EcoSols - Ecologie fonctionnelle et biochimie des sols
École d’inscription : L'Institut Agro Montpellier (2020-....)

Résumé

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Les changements globaux d'origine anthropique entraînent des effets importants sur la biodiversité planétaire, initiant aujourd'hui la sixième extinction de masse. Bien que le déclin de la biodiversité ait été largement documenté pour les taxons charismatiques tels que les vertébrés, il a été nettement moins mis en évidence pour les invertébrés du sol, en particulier les vers de terre. Le rôle de ces organismes est désormais bien connu, pour le fonctionnement des sols comme ingénieurs des écosystèmes, mais également pour les services écosystémiques rendus. Pourtant, ces organismes ont nettement moins été étudiés pour leur valeur intrinsèque, lié probablement à un manque de charisme, résultant en une sous-évaluation de leur statut de conservation. Cette thèse vise à combler en partie ce manque par des approches variées. Dans un premier temps, je mets en évidence le paradoxe lié au manque d'études sur la conservation des vers de terre malgré une littérature fournie sur leurs fonctions. Ce manque est notamment dû à une utilisation de métriques peu informatives en termes de conservation, et de l'échelle locale surabondante. Dans un contexte d'augmentation croissante des données disponibles pour ce taxon, je présente des métriques habituellement utilisées en biologie de la conservation, et je propose un élargissement des échelles spatiales d'études, qui pourraient être appliquées aux vers de terre. Dans un second temps, je rends disponible un jeu de donnée unique, qui consiste en un ré-échantillonnage dans les années 2020 de près d'un tiers des sites historiques échantillonnées en France métropolitaine par Marcel Bouché dans les années 1960. J'y fournis également des données environnementales, notamment édaphiques de ces sites, des données de masse individuelle, ainsi qu'un système taxonomique permettant de faire le lien entre la taxonomie utilisée par Bouché et la taxonomie à jour. Dans un troisième temps, en me basant sur ces données, j'étudie les changements temporels sur 50 ans des assemblages, de la diversité, et des populations de vers de terre en France. J'y montre que les assemblages de vers de terre ont connu une homogénéisation taxonomique et fonctionnelle, avec peu de changement de diversité locale, mais une perte de diversité aux échelles spatiales plus larges. Les milieux humides sont ceux qui ont connu les changements les plus importants. J'identifie également les espèces qui ont profité des changements globaux (winners) et celles qui en ont pâti (losers), et met en évidence que ce sont plutôt des espèces sans tendance significatives qui expliquent les changements temporels d'assemblage. Je montre aussi que les espèces winners sont des espèces plutôt communes et pérégrines, alors que les losers sont plutôt endémiques, représentées en majorité par des espèces anémiques. Enfin, je décris un genre et 4 espèces nouvelles pour la science, chez les Lumbricidae et les Hormogastridae, dans deux hotspots de diversité pour les vers de terre : la zone méditerranéenne et le nord-est de la France. Dans cette thèse, je mobilise donc des leviers qui visent à remédier au manque de prise en compte des vers de terre en conservation, en : (i) diversifiant les approches traditionnellement utilisées en écologie des vers de terre, via la diversification des niveaux d'organisation étudiés (espèce aux assemblages), des échelles d'étude (local à national), et par l'utilisation de méthodes empruntées à la biologie de la conservation ; (ii) augmentant le volume de données disponibles sur les vers de terre ; (iii) utilisant des approches conjointes basées sur les espèces et sur les traits fonctionnels ; (iv) intensifiant les efforts taxonomiques sur ce taxon.