Devenir breaker, popper ou locker : la construction sociale des danseurs hip-hop professionnels
Auteur / Autrice : | Damien Vanier de saint aunay |
Direction : | Michel Castra |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie et démographie |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche Individus, Épreuves, Sociétés |
Mots clés
Résumé
L'objet de cette thèse portant sur les danseurs de hip-hop autogéré est de procéder à une dénaturalisation des corps, des individus et de leur rapport au monde afin de mettre en évidence leur caractère éminemment social. Ainsi, à l'instar de Christine Mennesson (2004 ;2005) qui a étudié la construction sociale du genre dans le monde du football, de la boxe, de l'haltérophilie ou encore de Manuel Schotté (2012) qui a démontré le caractère socialement construit du talent des coureurs marocains et déconstruisant ainsi les discours culturalistes, il s'agira de questionner les présupposés sur les danseur.se.s hip-hop qui auraient naturellement plus de facilités à progresser et réussir dans le milieu s'ils sont des hommes racisés issus des quartiers populaires urbains. Dans ce travail, il va s'agir d'analyser les effets des politiques publiques vis-à-vis du hip-hop autogéré, les trajectoires professionnelles ainsi que la socialisation en train de se faire dans les lieux d'entrainement. Ce projet va ainsi être à la croisée de la sociologie de l'action publique, de la sociologie des professions et de la sociologie de la socialisation. Ainsi trois grands axes structurent cette thèse : 1-Premièrement, il s'agit de rentrer par les territoires pour analyser comment sont appréhendés ces espaces de pratiques libres par les pouvoirs publics, c'est-à-dire par les politiques sportives, les politiques de la ville et les politiques culturelles vu que le hip-hop est à l'interface des trois. Plus précisément, il s'agit de comparer les dynamiques et initiatives locales dans les villes de Paris, Lille et Rennes, des villes connues pour accueillir une réelle scène hip-hop. L'idée est de mesurer les effets de l'ancrage local sur les possibilités de pratique. 2-Deuxièmement, il s'agit d'étudier les ressorts de l'engagement des danseurs et danseuses en analysant leur trajectoire sociale. Une focalisation sera notamment faite sur les pratiquants et pratiquantes professionnel.le.s, c'est-à-dire ceux pour qui la danse engendre un revenu de subsistance (Freidson, 1986), ainsi que sur les pratiquants qui ont abandonné cette ambition en cherchant à comprendre pourquoi. Pour cela nous ferons varier les lieux de pratiques, les styles de danse hip-hop (break, pop et lock) ainsi que les profils des danseurs (sexe, âge, couleur de peau).. 3-Troisièmement, nous souhaitons saisir les processus de socialisation et rapports sociaux ayant cours dans les différents espaces d'entrainement de la danse hip-hop libre : espace public autogéré extérieur (EPAE) et espace public autogéré en salle (EPAS). Ces espaces de pratique sont alors considérés comme des matrices de socialisation façonnant, comme dit Lahire, « partiellement ou globalement, ponctuellement ou systématiquement, de manière diffuse ou de façon explicite et consciemment organisée » les corps et les esprits des pratiquants et pratiquantes. Et ce faisant, il s'agit de mesurer les effets de la danse sur les rapports sociaux de genre, d'âge, de classe et de racisation en étudiant la pluralité ou l'ambivalence des socialisations pouvant autant générer des formes de résistance ou d'émancipation que des ajustements ou un renforcement à la position dominée de ces hommes et femmes majoritairement issus des milieux populaires urbains. Plus précisément, l'objectif est bien d'analyser ce que la danse fait aux danseurs c'est-à-dire quelles sont les masculinités et les féminités (socialement situées) incorporées par les pratiquants ou encore que produit l'entre soi ou la mixité sexuée et sociale (selon les contextes) en danse sur la construction de soi et le rapport aux autres.