De l'estive au village de montagne : une approche archéozoologique de l'implantation des sociétés agro-pastorales dans les montagnes du Caucase (VI-IIe mill. av. n. è.)
Auteur / Autrice : | Adeline Vautrin |
Direction : | Marjan Mashkour, Rémi Jean-Paul Berthon, Lionel Gourichon, Delphine Bosch |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Archéozoologie |
Date : | Inscription en doctorat le 15/11/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Mots clés
Résumé
Le Caucase est une région montagneuse et volcanique traversée par deux hautes chaînes de montagnes. De nombreuses richesses naturelles se trouvent dans ces zones d’altitude, tant bien d’origine minérale (obsidienne, minerais) que végétale (pâturages). Si l’exploitation et l’établissement de campement dans ces milieux contraignants sont connus depuis le Paléolithique, l’introduction au Néolithique (au cours du VIIe mill. av. n. è.) de ruminants domestiques a bouleversé les modes de vie et les pratiques de subsistance, interrogeant dès lors les stratégies d’élevage et les mobilités pastorales. La pratique des transhumances est souvent mentionnée par les archéologues pour caractériser ces mobilités et les occupations montagneuses. Toutefois des analyses isotopiques réalisées sur des dents de caprinés et bovins néolithiques d’Azerbaïdjan et Arménie ne confirment pas leur existence. Il s’agirait d’une pratique mise en place plus tardivement, au Chalcolithique, mais qui n’est pas systématiquement observée au cours de l’Âge du Bronze. Parallèlement, les données archéologiques témoignent pour le Chalcolithique et l’Âge du Bronze Ancien, d’une expansion des territoires occupés, notamment verticalement, avec des sites d’altitude associées à des structures architecturales légères liées à des occupations saisonnières mais également des structures plus solides pouvant être interprétées comme des occupations plus permanentes. À partir de l’étude des restes osseux d’origine animale, de la cémentochronologie et de la biogéochimie isotopique (des carbonates – δ18O, δ13C, 87Sr/86Sr – et du collagène – δ13C, δ15N) provenant de quinze sites archéologiques de Géorgie datés du Chalcolithique, de l’Âge du Bronze Ancien et de l’Early Kurgan Period ont été questionnée les relations plaines – montagnes à travers les pratiques de subsistance, les saisons d’occupation des sites, les mobilités pastorales et les pratiques zootechniques. Les résultats ont montré que l’exploitation des caprinés et bovins étaient majoritaires durant toute la période chronologique de l’étude et que leur ratio ne semble pas lié à leur position altitudinale. Les produits d’élevage recherché étaient la viande et le lait et à moindre mesure, les toisons. En parallèle nous avons pu être mis en évidence un étalement plus long de la saison des naissances des ovins dès l’Âge du Bronze Ancien, peut-être lié au développement de la production des produits laitiers dans le sud du Caucase. Certains sites d’altitude ont montré une occupation hivernale malgré des contraintes pour la gestion des ruminants. Des pratiques d’affouragement avec des plantes récoltées localement ont pu être identifiées. L’analyse des mobilités ont montré un certain régionalisme et parfois des mobilités restreintes autour des sites d’habitat. En cas de ruminants mobiles, les résultats ont montré que d’une manière générale que les ruminants des sites de plaines et piémonts n’avaient pas tendance à être conduits dans des milieux plus en altitude. Pour les sites d’altitude des signaux non transhumants et transhumants ont été identifiés. Le signal type transhumant sur sites d’altitude questionne : les ruminants retrouvent-ils les plaines ou étaient-ils menés dans des prairies encore plus en altitude ? Il reste toutefois difficile d’identifier clairement une variabilité des pratiques d’élevage inter-espèces en raison de la composition des assemblages d’études mais également en raison de mobilités et alimentation intra-annuelles différentes.