Thèse en cours

Du supergène à l'écosystème à travers le prisme de la génomique : différentes nuances de diversité génétique chez des organismes marins

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 13/12/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Pierre Lesturgie
Direction : Manuela López Villavicencio
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Biologie évolutive
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2020
Soutenance le 13/12/2023
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....)

Résumé

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L'histoire évolutive des espèces est façonnée par des processus démographiques et sélectifs, dont la compréhension nécessite la modélisation complexe de la diversité génétique afin de comprendre des phénomènes allant de l'échelle locale à l'échelle de l'écosystème. Il s'agit cependant d'un exercice difficile en génétique des populations, car il nécessite une bonne compréhension des processus façonnant la diversité génétique et l'étude de scénarios complexes et utiles au moyen de cadres inférentiels soigneusement conçus et adaptés à la question et à la biologie du modèle d'étude. Dans ce cadre, ma thèse vise à montrer comment la reconstruction détaillée des processus démographiques fournit des informations précieuses pour élaborer des hypothèses évolutives et des stratégies de conservation, et notamment pour mieux caractériser l'interaction entre processus neutres et sélectifs. Également, elle cherche à améliorer notre compréhension de la façon dont les processus, au niveau des espèces et des communautés, influencent la démographie historique. Pour cela, j'ai d'abord étudié comment la structuration génétique des populations (et plus généralement, tout événement historique) influence les patrons démographiques inférés par des modèles basés sur la théorie de la coalescence supposant un accouplement aléatoire (modèles non structurés). En couplant arguments théoriques à des cas empiriques basés sur des requins à large distribution, j'ai pu montrer comment les modèles non structurés sont utiles pour inférer la variation du taux de coalescence dans le temps, qui est directement liée à la vraie démographie de l'espèce. Ceci a permis de mettre en avant que ces modèles restent un outil exploratoire fondamental pour recueillir des éléments sur l'histoire évolutive des espèces, à condition qu'ils soient interprétés à la lumière de scénarios complexes plutôt que panmictiques. Ensuite, je rapporte la découverte d'un supergène déterminant la taille chez une espèce de raie. Je fournis alors des évidences sur son origine et son rôle dans le déclin abrupt d'une population vulnérable grâce à la reconstruction de l'histoire démographique de l'espèce à l'échelle de son aire de distribution. Cette étude souligne l'importance de la modélisation démographique pour comprendre des processus locaux de sélection, en particulier lorsqu'ils impliquent des enjeux de conservation. Enfin, j'ai examiné certains déterminants écologiques de la diversité génétique à travers un panel unique de données génomiques provenant de 43 espèces de poissons récifaux. Ceci a permis de montrer une relation positive entre largeur de niche trophique et stabilité démographique, révélant l'effet d'un processus à l'échelle de la communauté sur l'histoire démographique. Les études en génétique des populations s'articulant en général sur une espèce, ce travail est l'un des premiers à tenter d'évaluer directement la relation entre la diversité des interactions des espèces et leur histoire démographique. Plus généralement, cette étude suggère que les jeux de données multi-espèces pourraient se révéler importants à l'avenir pour détecter les signatures génomiques laissées par des processus à grande échelle. Dans l'ensemble, ma thèse souligne le rôle fondamental d'une reconstruction démographique robuste pour comprendre des processus micro (tels que l'adaptation) et macro (tels que le fonctionnement des écosystèmes) évolutifs à travers l'étude d'espèces marines. Elle permet aussi de mieux comprendre certains déterminants évolutifs et écologiques de la diversité génétique et la manière dont ils influencent les processus de coalescence (et donc les inférences démographiques en découlant). Enfin, elle souligne l'importance et la puissance potentielle des études multi-espèces, relativement nouvelles en génétique des populations, qui permettront à l'avenir de répondre à des questions à des échelles d'étude différentes avec des implications en évolution, en écologie et en conservation.