Quantifier le déclin des espèces à partir de données génomiques
Auteur / Autrice : | Thomas Forest |
Direction : | Guillaume Achaz, Amaury Lambert, Jérôme Fuchs |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des populations et Écologie |
Date : | Soutenance le 05/04/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Éco-Anthropologie et Ethnobiologie (Paris ; 2009..-....) - Institut de systématique, évolution, biodiversité (Paris ; 2009-....) - Centre Interdisciplinaire de Recherche en Biologie (Paris ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Nathalie Machon |
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Achaz, Amaury Lambert, Jérôme Fuchs, Diala Abu Awad, Didier Casane | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Simon Boitard, Laurence Després |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Dans le contexte de la sixième crise de la biodiversité, il est d'un intérêt majeur de pouvoir évaluer l'ampleur de cette extinction de masse du vivant en temps réel au moyen de méthodesreproductibles et robustes. Cette crise est suivie par des organismes de référence à l'échellemondiale, telle l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), qui dresse uneListe Rouge des espèces en danger et qui repose principalement sur des données d'occurrences pour estimer la dynamique démographique des espèces.Bien que ces approches soient largement éprouvées et d'une efficacité remarquable, elles présentent un certain nombre de limites qui freinent l'UICN dans l'évaluation des espèces les plus discrètes, les plus isolées, les plus complexes à observer. Il a été démontré que si l'on compare le nombre d'espèces décrites par rapport aux données d'occurrences et de suivi démographique de la Liste Rouge, il existe un important déséquilibre. À titre d'exemple, des classes de plantes et de vertébrés (particulièrement les oiseaux) sont sur-représentés, tandis que des embranchements entiers, tels que les mollusques et les arthropodes (en particulier la classe des insectes), sont sous-représentés. Il existe donc un biais taxonomique important qu'il est nécessaire de réduire afin d'évaluer plus exactement l'ampleur de cette crise.Une part importante de l'information manquante pourrait provenir, en complément de cesapproches, de méthodes basées sur l'information génomique. En effet, nous accumulons desdonnées de séquençage dans un besoin urgent de décrire la diversité génétique du vivant, à descoûts de plus en plus faibles, et à un rythme de plus en plus soutenu. Ces données présentent l'avantage de pouvoir être utilisées pour une multitude d'analyses descriptives des espèces, tant l'information contenue dans l'ADN des individus échantillonnés est empreinte de leur histoire évolutive. Depuis le siècle dernier, des modèles théoriques ont permis d'associer la dynamique des populations à l'information génétique. Il a fallu attendre le début du XXIème siècle, avec l'avènement de l'ère génomique et de la multiplication des assemblages de génomes de référence, pour démontrer le potentiel de ces approches. Sur la base de ces considérations, nous proposons d’appliquer une sélection de méthodes computationnelles visant à estimer les variations démographiques, en particulier, la variation des tailles de populations, pour des espèces de différents taxons, statuts de conservation et situations géographiques, à la lumière d’avis d’experts au travers de collaborations internationales.Cette thèse vise à éclairer le processus de production de données nécessaires à la bonne exploitation des méthodes actuellement disponibles, de la constitution d'un génome de référence à l'aide de séquençage à haut-débit de nouvelle génération, jusqu'à la production de variants génomiques, utilisés pour décrire les populations étudiées à l'échelle moléculaire.Dans une première partie, nous avons mis à l'épreuve ces différents outils sur deux espèces d'oiseaux présentant un statut de conservation bien défini ainsi que des données fiables: l'hirondelle rustique et le pivert. Nous avons aussi étudié trois espèces d’insectes : la zygène corse, le bourdon des champs et le bourdon danois. Enfin, nous avons produit des données pour deux espèces de mollusques : la moule perlière d’eau douce et la grande mulette.Dans une deuxième partie, les outils et enjeux computationnels seront présentés, particulièrement au travers du développement d'un nouveau procédé automatisé, ou ''pipeline'', pour l'inférence de la fluctuation de la taille des populations à partir de variants génomiques. Dans une troisième partie, une étude comparative, basée sur plus d'une trentaine d'espèces d'oiseaux, sera mise à l'épreuve, en faisant usage de cet outil tout en conservant un regard critique apporté par nos collaborateurs experts en écologie et génétique des oiseaux.