Thèse en cours

Analyse anthropologique d'un processus de construction patrimoniale : le cas de la découpe bouchère à la française

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Auteur / Autrice : Pierre Mancini
Direction : Isabelle Bianquis
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Inscription en doctorat le 22/07/2022
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la Société : Territoires, Économie et Droit (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cités Territoires Environnement et Sociétés (Tours ; 2004-....)
Equipe de recherche : COST - Construction Sociale et politique des espaces, des normes et des Trajectoires

Résumé

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En cherchant à inscrire, à l'horizon 2024, l'art de la découpe bouchère à l'inventaire national du Patrimoine culturel immatériel, la Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie et Traiteurs marque une première étape avant d'envisager une inscription sur la liste de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Cette thèse porte sur les processus de « construction » d'un patrimoine à un moment donné et dans un lieu spécifique, ici la France. Il s'agit de suivre pas à pas les étapes de mise en patrimoine d'une pratique, la découpe bouchère, alors même que dans un contexte social et politique la place de la viande fait polémique. En siégeant, au titre d'observateur, dans le Comité scientifique pluridisciplinaire réuni par la Confédération Française de la Boucherie qui porte ce projet de patrimonialisation, nous souhaitons appréhender comment une pratique professionnelle, abordée dans son environnement social et culturel est sélectionnée et « élevée » en patrimoine par une communauté, au sens de l'UNESCO (2003), à travers différents axes : - Nous nous proposons tout d'abord de porter notre attention sur le(s) objet(s) retenu(s) dans le périmètre délimité par le Comité scientifique : le choix des animaux, l'étendue de la technique au sens plus large, les outils, le langage, les praticiens, les lieux de découpe et/ou de vente. Les critères utilisés par le Comité seront l'objet de notre réflexion et d'une mise en parallèle avec ceux usuellement établis pour définir la valeur patrimoniale (Heinich N., 2009). Il sera particulièrement intéressant de nous attarder sur les éléments qui n'ont pas été retenus et de chercher à savoir si les compromis effectués conduisent – ou non –, dans les discours, à une forme de construction idéalisée de la pratique. - Nous pourrons dans un deuxième temps, observer comment le Comité scientifique traite la question de la notion de « communauté ». S'agit-il exclusivement de la profession ou peut-elle être élargie ? Comment, dans ce contexte, le Comité revêt-il le rôle de médiateur entre la « communauté » et l'institution qui acte la patrimonialisation (l'inventaire national ou l'UNESCO) ? Il conviendra aussi de s'interroger sur le lien entre le périmètre choisi pour définir la communauté et l'idée d'un « art » potentiellement promu en un patrimoine national, surtout dans un contexte où la technique utilisée en amont (l'abattage) et l'objet vendu en aval (la viande) sont fondamentalement aujourd'hui perçus comme des objets polémiques. - Enfin interviendra la question de la nécessité d'une « sauvegarde », qui pose la question des menaces auxquelles ce savoir-faire est exposé. S'agit-il de menaces économiques locales (fermetures des boucheries artisanales face à la concurrence des supermarchés) ou internationales (importation de morceaux de viande étrangers uniformisés), sociales (place du boucher dans la société), politique (attaque des boucheries par des associations militantes) ou autres (découpe avec des outils ou des mises en œuvre ne respectant pas le savoir-faire traditionnellement enseigné) ? En conséquence, la question de la singularité française de cette technique devra être abordée, tout comme celle de la valorisation envisagée a posteriori pour ce patrimoine.