La pensée constitutionnelle sous le Second Empire
Auteur / Autrice : | Nicolas Albertini |
Direction : | Julien Boudon |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit public |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2022 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit, économie, management (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2020-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IEDP - Institut d'Etudes de Droit Public |
Référent : Faculté de droit, économie, gestion |
Mots clés
Résumé
Selon une vue tenace, la réflexion sur le droit constitutionnel aurait connu une éclipse durant le Second Empire. On cite comme preuve la suppression de la chaire de droit constitutionnel à la Faculté de droit de Paris, autrefois confiée à Pellegrino Rossi. La discipline « Droit constitutionnel » aurait ainsi été plongée dans l'oubli, comme le suggère un article désormais un peu ancien de Marlène Pétroff. Les juristes auraient concentré leurs efforts sur le droit administratif, en plein essor, ou encore sur le droit pénal, dans le sillage de Rossi d'ailleurs, tandis qu'une méditation sur les libertés, à la fois individuelles et collectives, était autorisée, notamment dans la seconde partie de l'Empire, qu'on appelle précisément l'Empire libéral. De grands auteurs écrivent pourtant sur la matière politiques et constitutionnelle de l'époque, par exemple Jules Simon, Adolphe Thiers, Emile Boutmy déjà et surtout Edouard Laboulaye. Souvent ces hommes politiques et/ou professeurs s'abritent derrière le droit comparé pour livrer leurs pensées sans prendre trop de risques par rapport à la surveillance du régime impérial. Il n'en reste pas moins que leurs travaux font preuve d'une grande finesse et apparaissent beaucoup plus audacieux que ce que l'on a cru pendant longtemps. De la sorte, un anachronisme terrible consisterait à croire que la doctrine constitutionnelle française aurait été paralysée pendant toute la période du Second Empire, soit de 1852 à 1870. Le Second Empire serait une béance entre la Seconde République (voire la Monarchie de Juillet avant elle) et la Troisième République. Par conséquence, la doctrine constitutionnelle classique, sorte d'âge d'or de la pensée juridique en France, n'aurait pas d'origine : les Esmein, Duguit, Hauriou, Carré de Malberg - pourtant tous nés ou formés durant le Second Empire - auraient superbement ignoré la période impériale. La bibliographie en droit constitutionnel se focalise dès lors sur la IIIe République ou sur les années qui suivent la défaite de Sedan : en témoignent les thèses de Guillaume Sacriste ou de Damien Gros. L'objectif de la thèse sera de démentir ces vues un peu courtes et de démontrer la vitalité d'une doctrine constitutionnelle en France sous le Second Empire. L'inverse sera peu crédible, dès lors que le régime a pris le soin d'édicter une Constitution, celle du 14 janvier 1852, un gros mois après le coup d'Etat du 2 décembre 1851. Un des enjeux de l'entreprise doctorale tiendra au découpage entre l'Empire autoritaire, de 1852 à 1860, et l'Empire libéral, entre 1860 et 1870 : la réflexion constitutionnelle devient-elle plus audacieuse après le tournant libéral constaté vers 1860 ? De façon générale, le travail doctoral aura pour ambition de mettre en relief les principaux éléments d'une authentique doctrine de droit constitutionnel sous le Second Empire, qui aura donc servi à préparer les maîtres-ouvrages de la période suivante, dont la liste commence sans doute avec les « Eléments de droit constitutionnel » d'Adhémar Esmein en 1896.