Les stromatolites comme archives paléoenvironnementales et/ou biologiques : perspectives géochimiques et minéralogiques à travers la Collection de Microbialites du MNHN
Auteur / Autrice : | Laurane Fogret |
Direction : | , Pierre Sans-Jofre, Stefan Lalonde |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Géochimie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 Soutenance le 18/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Mots clés
Résumé
Les stromatolites, structures sédimentaires microbiennes laminées, constituent certaines des plus anciennes traces de vie sur Terre. En raison de leur dépôt dans un large éventail d'environnements et de leur présence à travers les temps géologiques, les signatures sédimentologiques et géochimiques qu'ils préservent représentent des archives paléoenvironnementales majeures pour comprendre la coévolution biologique et géochimique de la Terre. La constitution de la Collection de Microbialites du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN, Paris), couvrant tous les continents à l'exception de l'Antarctique et plus de 3,5 milliards d'années d'histoire de la Terre, a permis d'établir une vaste base de données géochimiques associées. Plus de 400 échantillons de la collection ont ainsi été caractérisés grâce à différents indicateurs géochimiques, permettant de fournir une illustration inédite de la remarquable diversité des paléoenvironnements successifs de la surface terrestre. Les stromatolites, à l'instar des carbonates sédimentaires non microbiens, retracent les tendances majeures concernant l'évolution de la composition en isotopes stables du carbone (en particulier les excursions positives et négatives manifestes en δ13Ccarb) et de l'oxygène (notamment l'augmentation en δ18Ocarb au cours des temps géologiques), l'évolution des teneurs en éléments-traces sensibles à l'oxydo-réduction (qui témoignent de l'oxygénation progressive de l'atmosphère et des océans de notre planète), ainsi que l'évolution de la distribution des terres rares (caractéristique de milieux variés, évaporitiques, hydrothermaux, marins, ou encore lagunaires). Tout ceci fait des stromatolites des outils de choix pour retracer l'évolution des paléoenvironnements et des principaux cycles biogéochimiques de la Terre. Cependant, de nombreuses incertitudes subsistent quant à la biogénicité de ces archives ; plus encore, la nature et l'origine de la lamination stromatolitique restent sources de questionnements. Cette lamination étant la caractéristique essentielle dans l'identification des stromatolites, dès l'Archéen, l'étude de sa diversité minéralogique et géochimique a été entreprise à l'échelle de la microstructure, et une étude cyclostratigraphique a été menée à travers la lamination de trois spécimens développés au cours de l'Holocène dans trois environnements différents. La datation haute résolution au carbone 14 a permis de mettre en évidence des vitesses d'accrétion remarquablement similaires, de l'ordre de la dizaine de µm/an ; rapportés au nombre de lamines, leurs âges révèlent une structuration véritablement périodique des stromatolites étudiés, indépendamment de l'environnement de dépôt. Bien que les observations pétrologiques soulignent l'influence des communautés microbiennes dans l'initiation de cette lamination caractéristique, les résultats suggèrent l'existence d'une périodicité dans la lamination stromatolitique, principalement régie par des forces extérieures qui semblent leur être communes, telles que l'activité solaire ou les cycles orbitaux lunaires, plutôt que par la biologie.