Thèse soutenue

Faisabilité technique et économique d'un mix décarboné - étude de la flexibilité en énergie annuelle et pluriannuelle

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Auteur / Autrice : Sébastien Pezza
Direction : Sandrine SelosseEdi Assoumou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Contrôle, optimisation, prospective
Date : Soutenance le 04/12/2024
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et technologies de l'information et de la communication (Nice ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de mathématiques appliquées (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes)
établissement de préparation de la thèse : École nationale supérieure des mines (Paris ; 1783-....)
Jury : Président / Présidente : Gilles Guérassimoff
Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Selosse, Edi Assoumou, Yannick Perez, Frédéric Lantz, Caroline Bono, Magnus Korpas
Rapporteurs / Rapporteuses : Yannick Perez, Frédéric Lantz

Résumé

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Le développement de sources d'énergie renouvelables variables (ENRv) dans les systèmes électriques, ainsi que les contraintes de décarbonation, entraînent des changements fondamentaux dans la gestion de la sécurité de l'approvisionnement. En effet, cette production est caractérisée par une variabilité et des incertitudes à différentes échelles de temps, du quotidien au pluriannuel. En conséquence, l'incertitude augmente par rapport à un système électrique conventionnel et la variabilité ENR introduit des périodes de déficit énergétique qui doivent être compensées (par exemple des nuits hivernales sans vent - où le solaire ne produit pas et où la demande est élevée). Des sources de flexibilité en énergie, c'est-à-dire qui garantissent sa disponibilité pour assurer la sécurité de l'approvisionnement, doivent être correctement dimensionnées. Parmi celles-ci, le stockage à long terme (une boucle power-to-gas-to-power) apparait comme un actif de choix compte tenu de sa capacité à transférer l'énergie des périodes de surplus aux périodes de déficit.Cette thèse examine l'impact de la variabilité annuelle et pluriannuelle de la production d'ENRv sur le besoin de flexibilité en énergie. Bien que cette variabilité soit un phénomène identifié dans la littérature, son effet sur la succession des périodes de déficit, le dimensionnement des sources de flexibilité en énergie, la robustesse de la sécurité d'approvisionnement et ses implications économiques n'ont reçu qu'une attention limitée.Trois problématiques en découlent. Tout d'abord, il s'agit d'identifier le besoin de flexibilité en énergie. Nous montrons qu'un indicateur de déficit maximal d'énergie cumulatif s'avère adapté à la mesure du dimensionnement de la flexibilité de long terme. Dans les zones électriques considérées, nous trouvons que le déficit maximal équivaut à l'échelle annuelle à 10 à 15% de la demande annuelle. Néanmoins, à l'échelle pluriannuelle ce déficit se creuse pour atteindre des volumes équivalents à 30 à 40% de la demande annuelle, soulignant la nécessité d'étudier les systèmes à forte pénétration renouvelable sur ces périodes.Ensuite, des méthodologies de dimensionnement appropriées doivent être développées. En analysant les différentes implications de la variabilité des ENRv et les caractéristiques techniques du stockage à long terme, nous discutons des principaux aspects à prendre en compte. Nous montrons ensuite que le dimensionnement pour le stockage à long terme est substantiel, mais que des sources de flexibilité complémentaires peuvent le réduire, par exemple l'écrêtement de la production d'ENRv dans un parc surdimensionné. Nous montrons également qu'en raison de l'incertitude pluriannuelle, il est nécessaire de limiter le stockage à un cycle annualisé.Enfin, ces dimensionnements et les dynamiques en résultants entraînent des conséquences économiques sur le coût global du système, le coût moyen de la flexibilité à long terme et le coût du capital. Leur évaluation nous permet de discuter des conditions de réussite du déploiement d'un tel système électrique ainsi que de la pertinence de différentes stratégies de sécurité d'approvisionnement. Nous montrons que le coût des flexibilités en énergie représente un coût du même ordre de grandeur que la production renouvelable quel que soit le bouquet de sources envisagées. Nous exacerbons les difficultés d'investir dans un stockage longue durée assurant la sécurité d'approvisionnement du fait d'une sollicitation faible et d'un dimensionnement important, du fait d'un effet de cannibalisation des services de transfert. En conséquence, nous soulignons que la sécurisation de telles architectures de système fait ressortir la nécessité d'une réflexion sur les mécanismes de rémunération pour couvrir les investissements qu'elles impliquent.