Thèse en cours

Réformes et représentations sociales

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Auteur / Autrice : Mélanie Ferrara
Direction : Sébastien Jakubowski
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sociologie et démographie
Date : Inscription en doctorat le 31/08/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Lillois d'Études et de Recherches économiques et Sociologiques

Mots clés

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Résumé

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En Belgique - et plus spécifiquement en Fédération Wallonie-Bruxelles, l'enseignement qualifiant souffre d'une réelle dévalorisation, comme le montrent les études qui se sont attelées à analyser les représentations des élèves de l'enseignement secondaire par rapport aux filières qui le structurent (Willems,2013, Ferrara & Friant, 2014). Les filières qualifiantes ne constituent ainsi plus de réels choix vocationnels, mais plutôt une échappatoire aux difficultés scolaires. Chauchat & Labonne (2006) constatent le même phénomène en France. Ces conclusions convergentes dans deux pays proposant des systèmes à « filières » remettent en question l'efficacité de ce modèle. L'organisation du système éducatif lui-même peut être considérée comme productrice de la représentation négative de certaines filières de la part du public (Friant & Demeuse, 2011; Franquet, Friant & Demeuse, 2010). La dernière Déclaration Communautaire énonce comme priorité la revalorisation de l'enseignement qualifiant. Cette revalorisation devra passer par une série de réformes, dont on peut prévoir qu'elles intègreront le passage d'une conception de l'éducation comme du droit Humaniste universel à un système de production de ressources sociétales qui se veut toujours plus efficace (Lessard & Carpentier, 2015; Draelants, 2008). Cette vision n'est pas encore unanimement partagée et des bribes de l'ancien référentiel sont encore répandues dans toutes les ramifications du système. Cela nous amène à poser l'hypothèse d'une dissonance entre le cadre normatif et les représentations des acteurs dans le système éducatif belge francophone. Comment ce changement de vision s'inscrit-il chez les acteurs du système éducatif ? A quelles conditions un changement dans le domaine de l'éducation peut-il avoir lieu ? Comment intégrer des éléments cognitifs propres aux acteurs dans l'action réformatrice du cadre normatif ? Comment ces deux composantes (cognitive et normative) interagissent-elles pour faciliter ou rendre plus difficiles les changements structurels? La réponse passe par l'étude de ces représentations et des succès et échecs de réformes antérieures (Lessard & Carpentier, 2015; Dupriez, 2015) afin d'identifier les leviers et les barrières à l'action publique et donner des chances de réussites à ce programme de valorisation de l'enseignement qualifiant. De nombreuses études sociologiques et économiques intègrent la question des représentations des acteurs dans la gestion du changement organisationnel (OCDE, 2014; Draelants, 2008; Draelants, 2007; Draelants & Maroy, 2007; Campbell, J-L., Wagner, 2003; Vandenberghe, V., 2002), voire comme condition de l'action (Perret, 1995). Une connaissance de ces représentations et des caractéristiques structurelles permettrait donc de mieux appréhender le changement (Demeuse, 2012; Dupriez & Dumay, 2005). En nous basant sur les cadres d'analyse posés par le courant néo institutionnaliste et par la sociologie de l'action publique, bien synthétisés dans le domaine de l'éducation par Lessard et Carpentier (2015), nous posons l'hypothèse que nous sommes ici en présence d'une dissonance entre l'action réformatrice de l'autorité normative sur le système éducatif et le cadre cognitif, incluant les représentations sociales des acteurs (enseignants, parents, élèves). Ce modèle, bien que familier lorsqu'il s'agit de négociations (Donnay, 2005), semble pourtant très largement ignoré lorsqu'il est question de réformes systémiques. Nous postulons donc qu'il existe une dissonance entre d'une part les objectifs institutionnels, c'est-à-dire le cadre normatif, et, d'autre part, les structures cognitives des acteurs, mais qu'il existe des situations où un point d'équilibre permettant le changement peut être atteint (Muller, 2005). Ainsi, en suivant le néo-institutionnalisme historique américain également décrit par Lessard et Carpentier (2015), on peut poser l'hypothèse que seules des réformes qui prennent en compte la « grammaire » de la forme scolaire de base telle qu'elle est institutionnalisée dans les structures cognitives des acteurs ont des chances de s'institutionnaliser à leur tour.