Homéostasie intestinale et pathologies intestinales: données épidémiologiques, moléculaires et applications thérapeutiques
Auteur / Autrice : | Pauline Kerbage |
Direction : | Laurent Dubuquoy |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Recherche clinique, innovation technologique, santé publique - MED |
Date : | Inscription en doctorat le 26/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Recherche Translationnelle sur l'Inflammation |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI), regroupant la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, évoluent par poussées entrecoupées de phase de rémission. Ces phases asymptomatiques ne sont pour autant pas synonyme d'absence de lésions sous-jacentes. En effet des lésions fibrosantes se constituent au fur et à mesure des poussées inflammatoires occasionnant une destruction progressive du tube digestif. Les objectifs thérapeutiques dans la maladie de Crohn ont changé : ils ne sont plus basés uniquement sur le traitement des symptômes ou des marqueurs inflammatoires ou la prise en charge des complications lorsqu'elles sont constituées mais sont actuellement de prévenir la destruction intestinale. Une meilleure compréhension des mécanismes immunologiques cellulaires et moléculaires impliqués dans l'inflammation et dans la fibrose intestinale permettra de développer de nouvelles approches thérapeutiques dans la maladie de Crohn. Contrairement aux recherches intensives axées sur les mécanismes immunologiques impliqués dans l'inflammation, la physiopathologie des évènements conduisant à la fibrose reste peu explorée. Il n'existe à ce jour aucun traitement médical efficace sur la fibrose intestinale et l'utilisation des anti-inflammatoires dans les MICI semble n'avoir aucun effet ni sur son développement ni sur sa progression. Axe d'étude : Préliminaire : Récemment la technologie du single-cell et les outils d'analyse de données de type big data ont offert une analyse plus précise des cellules immunitaires et non immunitaires peuplant la muqueuse intestinale des patients atteints de MICI. Dans des travaux préliminaires Chapuy et al ont défini en particulier les phagocytes mononucléés (cellules dendritiques, macrophages, monocytes) dans la muqueuse colique et dans les ganglions lymphatiques mésentériques des patients atteints de MICI (Mucosal Immunol 2019;12(3) : 703 ; JCC 2020 ;14(1) :79 ; JCC 2020;14(3) :393), cellules qui ont un rôle central dans la pathogénèse de la réponse immunitaire. Elle a démontré que dans la maladie de Crohn, il existait une accumulation de cellules pro inflammatoires CD14+ ressemblant à des monocytes favorisant l'activation des voies Th17 et Th17/Th1 dans les lymphocytes T CD4 infiltrant la muqueuse intestinale. D'autre part cette équipe a démontré l'existante de cellules nommées macrophages post inflammatoires de fonction inconnue mais semblant impliqués dans la fibrose intestinale. Ces cellules phagocytes mononucléées et monocytes-like sont également présentes au sein des ganglions lymphatiques mésentériques, il s'agit donc probablement de sites inducteurs de la réponse immunitaire. Cependant la caractérisation précise des cellules phagocytes mononucléés peuplant les ganglions lymphatiques mésentériques des patients atteints de MICI restent encore à faire. L'objectif de mon travail sera de caractériser au niveau protéique et moléculaire les phagocytes mononuclées présents au sein de ganglions lymphatiques mésentériques des patients atteints de MICI par technique de single-cell RNA (Rhapsody) afin de déterminer leur concordance avec ceux présents au sein de la paroi colique chez ces patients. Lieu : au sein de l'équipe du Docteur Marika Sarfati au CR-CHUM (centre de recherche de l'hôpital de Montréal), en collaboration avec le laboratoire INFINITE U-1286, sous la supervision du Docteur Laurent Dubuquoy Syndrome de l'intestin irritable Le diagnostic de syndrome de l'intestin irritable (SII) repose sur l'association de douleurs abdominales à des troubles du transit (critère de ROME). La prévalence du SII est élevée dans la population générale avec une prédominance féminine nette. Les douleurs abdominales / ballonnements en rapport avec des gaz sont fréquents et rapportés chez 16 à 31% de la population générale. Il s'agit également de maladies chroniques évoluant par poussées entrecoupées de périodes de rémission. Il existe différentes pistes physiopathologiques incluant les troubles de la motricité ou de la perméabilité intestinale, l'hypersensibilité viscérale, une perturbation du microbiote, une fermentation colique excessive et une implication du stress et des facteurs psychologiques. L'anomalie de la motricité intestinale affecte le transit des gaz favorisant la survenue de ballonnements. La présence de certains substrats glucidiques au niveau colique en rapport avec un déséquilibre du microbiote majore la fermentation des gaz conduisant également à des ballonnements. Axe d'étude numéro 1 : Préliminaire : La siméthicone est une silicone inerte, non absorbée dans le tube digestif, qui après administration orale diminue la tension superficielle des bulles de gaz, favorise leur coalescence et élimination d'un plus grand volume de gaz en une fois, et donc diminue le nombre quotidien de flatulence. Le chitine‐glucan est un copolysaccharide fongique naturel, ayant des propriétés prébiotiques et de rétention d'eau permettant d'améliorer la consistance des selles. Objectif de l'étude : Confirmer l'effectivité de SmenoGas (250 mg siméthicone, 500 mg de chitine‐glucan) notamment sur l'amélioration des douleurs abdominales fonctionnelles et/ou ballonnements/distension abdominale associés à la présence de gaz et de confirmer son innocuité dans un essai de suivi clinique post‐commercialisation effectué chez 150 patients en France atteints de trouble fonctionnel intestinal. L'évaluation portera sur les réponses aux questionnaires patients après 2 et 4 semaines d'utilisation de SmenoGas et sera réalisée entre Septembre 2021 et mars 2022 Lieu : laboratoire INFINITE U-1286, sous la supervision du Docteur Laurent Dubuquoy et le service des maladies de l'appareil digestif à Huriez Axe d'étude numéro 2 : Préliminaire : Le récepteur nucléaire PPARγ transmet des signaux jusqu'au génome, conduisant à une modification de l'expression de différents gènes impliqués dans le métabolisme et l'inflammation. En étudiant de nouveaux agonistes de PPARγ dans des lignées de cellules épithéliales intestinales en culture, il a été mis en évidence par analyse transcriptomique que PPARγ régulait le gène de la lactase, l'enzyme qui dégrade le lactose. Un défaut de production de la lactase est responsable d'une intolérance au lactose. En France, 30 à 50 % des adultes ont une digestion incomplète du lactose, à l'origine de symptômes digestifs tels que ballonnements, diarrhée, douleurs abdominales. Le test respiratoire à l'hydrogène est le test le plus fréquemment utilisé pour détecter la malabsorption du lactose. L'exclusion du lactose est le principal traitement de l'intolérance au lactose ce qui expose à un risque de carences vitaminiques et en oligo éléments comme le calcium. Certaines molécules que l'on trouve naturellement dans l'alimentation régulent PPARγ, notamment certains acides gras. Il serait donc intéressant de supplémenter les intolérants au lactose avec ces nutriments pour qu'ils puissent augmenter leur production de lactase et leur consommation de produits laitiers s'ils le souhaitent. Une étude a été menée avec l'acide linoléique conjugué (CLA), présent essentiellement dans la viande de ruminant et connu pour interagir avec PPARγ, et a constaté une augmentation de la production de lactase chez des souris (Fumery M et al, EMBO Mol Med 2017). Objectif de l'étude : Réaliser une étude pré clinique chez des patients suspects de malabsorption du lactose (retrouvé sur un test respiratoire à l'hydrogène) avant et après traitement par l'acide linoléique conjugué (CLA). Lieu : laboratoire INFINITE U-1286, sous la supervision du Docteur Laurent Dubuquoy et le service des maladies de l'appareil digestif à Huriez Perspectives : En pratique clinique quotidienne, chez des patients atteints de MICI et considérés en rémission, des symptômes digestifs fonctionnels (douleur abdominale, ballonnements, troubles du transit intermittents) sont souvent présents alors qu'il ne persiste aucun stigmate d'inflammation sur les différents examens. Dans cette situation, il est possible d'envisager un diagnostic de SII. L'association de SII et d'une MICI (IBS-IBD) est une entité qui reste assez peu étudiée et sa prise en charge thérapeutique est très mal codifiée. La fréquence des symptômes de SII chez des patients atteints de MICI a fait l'objet d'une méta-analyse (Halpin et al, Am J Gastroenterol 2012), celle-ci retrouvait une prévalence des symptômes de SII chez les patients atteints de MICI de 39 % (IC95 % : 30-48 %) avec un risque relatif de 4,89 (IC95 % : 3,43-6,98) par rapport aux sujets contrôles. D'autre part, en raison d'une atteinte des cellules intestinales dans la maladie de Crohn, il est fréquent d'observer une intolérance au lactose. La prise en charge thérapeutique repose sur les traitements préconisés au cours du SII, avec un niveau de preuve très faible, voire inexistant. Il serait donc intéressant de poursuivre ces axes de recherche chez des patients atteints de MICI dans l'objectif d'apporter de nouvelles options thérapeutiques à visée symptomatique.