Thèse en cours

La Déviance historique, politique et poétique: Trajectoires croisées d'Ahmadou Kourouma et d'Abdourahman Waberi

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Auteur / Autrice : Tolofon Tossou
Direction : Paul Dirkx
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Analyses Littéraires et Histoire de la Langue

Résumé

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La langue, la civilisation et l'histoire sont des vecteurs essentiels pour définir la littérature. La littérature francophone africaine a quant à elle, traversé plusieurs étapes dans son évolution. Après la période coloniale, assimilée au « mimétisme » et à une littérature dite coloniale, l'engouement autour de la période postcoloniale a été porté par un devoir de « responsabilité » et un courant dit du désenchantement. Contribuant à façonner le texte, le contexte socio-historique révèle l'identité complexe de l'écrivain francophone et parvient à s'imposer comme l'un des principes fondateurs de son art. Entre le contexte historique (instable et chaotique) et une réalité immédiate (urgente), le fatum et le spectre d'une mémoire errante hantent les écrivains. Ahmadou Kourouma et Abdourahman Waberi, respectivement Franco-ivoirien et Franco-djiboutien, sont constamment dans cette dialectique. Le trauma qui erre dans l'imaginaire de ces deux écrivains semble constituer la charpente de leur imaginaire littéraire et le mode d'emploi de leur écriture. La notion de l'errance très fertile dans leur corpus trouve donc son écho dans le contexte socio-historique douloureux. Car les auteurs vivent une réelle tension. Le chronotope de l'errance fait d'eux des éternels parias, des corps errants, qui poussés par un avenir incertain, s'inscrivent dans le cadre de la perméabilité des frontières entre l'Afrique et l'Occident, entre le centre et la périphérie. Le texte devient un espace de lutte, un autel sacré où il faut purger le sacrifice – honorer la mémoire collective sans s'y refugier : c'est-à-dire la refuser, faire tabula rasa. Ils s'enracinent et se déracinent dans l'Histoire afin de faire œuvre littéraire d'où émergent vision, méthode et idéal. Ce cheminement permet à Kourouma et Waberi de se faire une place littéraire et d'avoir leur propre méthode littéraire en opérant une fabrique de la langue (Gauvin ; 2004) et du roman. À ce titre, une relation intertextuelle rapproche ces deux auteurs, donnant lieu à un cheminement déviant et une posture subversive. Cette poétique de l'entre-deux, cette dualité, confirment leur identité complexe. Ce sont des écrivains insaisissables. Ils échappent à toute classification. Cette situation pose non seulement un problème identitaire mais aussi un véritable problème d'ordre épistémologique et surtout littéraire dans leur texte.