Thèse soutenue

Logique temporelle et épistémologie de la présence dans la philosophie illuminative de Suhrawardī

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alioune Seck
Direction : Shahid Rahman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 16/05/2024
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Farid Zidani
Examinateurs / Examinatrices : Souleymane Bachir Diagne, Adjoua Bernadette Dango, Samia Louna
Rapporteurs / Rapporteuses : Farid Zidani, Cristina Barés Gómez

Résumé

FR  |  
EN

La présente étude, centrée sur Shihāb al-Dīn Suhrawardī (549/1155-587/1191 ou début 1192) Ḥikmat al-Ishrāq, développe quelques explorations préliminaires sur sa remarquable épistémologie de la présence, en mettant l'accent sur son postulat de la priorité de l'unité de l'expérience par la présence. En outre, cette étude devrait ouvrir la voie à une réponse aux défis lancés par Tony Street et d'autres sur la compatibilité de la critique de Suhrawardī à l'égard d'Ibn Sīnā avec le développement d'un syllogisme temporel et modal qui semble assez proche de celui d'Ibn Sinā. Les modalités de Suhrawardī, selon nous, devraient être comprises comme les différentes façons dont un prédicat se relie à son sujet plutôt que comme des opérateurs propositionnels. La modalité nécessairement nécessaire relie d'une part, les présences réelles du terme sujet aux présences réelles du terme prédicat immédiatement (c'est-à-dire que le prédicat s'applique à chaque individu instanciant le sujet au moment même où cette actualisation du sujet a lieu) ; d'autre part, la modalité nécessairement contingente exprime une relation entre les termes qui n'est pas basée sur la présence réelle du prédicat mais sur des présences qui pourraient devenir réelles au cours d'une certaine période de temps. De plus, la prédication nécessairement nécessaire admet soit : une simple conversion : (correspond au prédicable par définition chez Aristote, par exemple tout humain est nécessairement un être rationnel par nécessité, et tout être rationnel est nécessairement un humain par nécessité) ou non (correspond au prédicable par genre chez Aristote, par exemple tout humain est nécessairement un animal rationnel par nécessité, mais tout animal n'est pas nécessairement humain par nécessité). La prédication nécessairement contingente est nécessaire car elle attribue une capacité en tant que potentiel inhérent au sujet - c'est-à-dire qu'elle peut être attribuée en tant que capacité non actualisée de toute présence du sujet. Elle est contingente, car cette capacité s'actualise une fois et une fois non. La prédication contingente nécessaire peut également être déclinée : en admettant une simple conversion (correspond au prédicable par proprium chez Aristote, comme les capacités apprises d'être lettré ou musicien, et les capacités ou potentialités non apprises comme la capacité de rire - puisque chaque humain a le potentiel (qua human) d'être lettré ou musicien par nécessité et vice-versa) et en n'admettant pas cette conversion (correspond à une capacité inhérente au genre du sujet, comme la capacité de respirer telle qu'elle est attribuée de manière contingente aux humains par nécessité, non pas parce qu'ils sont des humains, mais parce qu'ils sont des animaux - ce qui est le genre de l'humain). Alors que l'attribution d'une capacité non acquise, telle que la respiration, à toutes les instances d'un terme sujet, implique de montrer que chaque individu qui incarne le sujet, actualise cette capacité au moins à un moment (ou à des séquences de moments) ; l'attribution d'une capacité acquise à un sujet universellement quantifié, revient à affirmer une telle contingence à l'égard du genre entier - par exemple, l'attribution de la capacité nécessaire mais contingente de l'alphabétisation aux humains suppose qu'au moins un individu, au moins à un moment, actualise l'alphabétisation (pas nécessairement toujours le même individu). Dans les dernières parties de notre thèse, nous montrerons comment ces notions façonnent la théorie du syllogisme de Suhrawardī du syllogisme. La partie 4 contenant une traduction en français de toutes les parties d'al-Ishrāq, concernant la logique, fait partie intégrante de la thèse. Son intégration comme partie de la thèse s'explique par le fait qu'à notre connaissance, il n'en existe à ce jour aucune traduction française.