L'uvre de Ödön von Horváth : une enquête sur les contextes d'adaptation et de réception.
Auteur / Autrice : | Marianne Picart |
Direction : | Karl Zieger |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures comparées |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2019 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Analyses Littéraires et Histoire de la Langue |
Mots clés
Résumé
L'uvre de Ödön von Horváth en France : une enquête sur les contextes d'adaptation et de réception. Au début du XXème siècle, c'est au rythme des armes et des Années Folles qu'évolue la société. Cette période fut pour l'Allemagne et la France une époque de tensions relationnelles et politiques. Toutefois les échanges culturels et notamment littéraires sont restés des points de jonction entre les deux pays, une fascination mutuelle qui semble, malgré le contexte, demeurer un pont transfrontalier. Cependant, si certains dramaturges comme Bertolt Brecht (1898-1956) s'inscrivent comme des monuments en matière d'écriture théâtrale et de reconfiguration des codes, d'autres semblent ne pas avoir pu franchir la frontière aussi rapidement et aussi largement. En effet, Ödön von Horváth (1901-1938), auteur Autrichien, "concurrent" de Brecht célèbre et reconnu en Allemagne, n'a pas connu en France la même réception que son adversaire. Si son uvre est aujourd'hui entièrement traduite et si certaines de ses pièces sont régulièrement jouées sur la scène française, le public n'a pas pu profiter immédiatement de la production de Horváth, à l'inverse du public allemand. C'est autour de ce « vide » que se construit la première partie de notre réflexion. Il s'agit également de concentrer le questionnement sur l'uvre dramaturgique de l'auteur dont la force sociocritique semble avoir inspiré de nombreuses mises en scène. Ces adaptations scéniques, relativement tardives par rapport au moment d'écriture des textes, seront également une source d'intérêt central dans cette réflexion sur la production de Horváth. La transposition du texte sur la scène permet de s'arrêter sur les choix des metteurs en scène puisque la composition scénique est avant tout affaire de choix. Ceux-ci révèlent alors la manière dont le regard contemporain se pose sur l'uvre de Horváth. S'agit-il de valoriser la dimension sociocritique de l'uvre en rendant compte d'une époque passée ou davantage de la mettre en parallèle avec la nôtre ? Pourquoi ces pièces sont-elles plus jouées aujourd'hui qu'à l'époque de leur rédaction ? S'agit-il d'un manque de traduction dans les années 1920 ? D'un manque d'intérêt ? D'une transmission qui n'a simplement pas eu le temps de se faire à cause de la mort précoce de l'auteur, voire à cause de l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale ? Autant de questions à partir desquelles il faudra s'arrêter pour comprendre cette réception tardive et son évolution à contre temps. Ödön von Horváth semble placer sous une lumière cinglante sa société, essayant de transposer de manière directe, parfois violente les travers d'une époque. Heinz Schwarzinger traduit ainsi les propos de Horváth, disant que dans toutes ses pièces il n'a « rien embelli, rien enlaidi » , qu'il a « tenté d'affronter sans égards la bêtise et le mensonge ; cette brutalité représente peut-être l'aspect le plus noble de la tâche d'un homme de lettres qui se plaît à croire parfois qu'il écrit pour que les gens se reconnaissent eux-mêmes. » Par notre thèse, nous tenterons d'enquêter sur cette réception tardive et partielle et de comprendre ce qu'elle peut révéler de notre propre époque. Nous nous appuierons pour cela sur des mises en scènes récentes et sur l'accueil réservé par la critique, et pensons pourvoir profiter aussi de contacts avec au moins l'un des traducteurs de Horváth (Heinz Schwarzinger, alias Henri Christophe). De manière plus générale, cette étude tente de montrer que cette réception tardive est coopérante d'un mouvement théâtral tourné vers l'expérience. En parlant de son monde, de sa société et de ses traumatismes, Horváth explore également une écriture dramatique décloisonnée permettant l'exploration de mises en scène variées et parlant à tout spectateur. Ainsi, loin d'anticiper les maux du futur, Horváth parvient à développer un style englobant dans la mesure où les thématiques abordées peuvent traverser les générations et les frontières.