Thèse en cours

ROLE DU MICROBIOTE DANS LA REPONSE IMMUNITAIRE A UNE INFECTION RESPIRATOIRE CHEZ LE NOUVEAU-NE

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Auteur / Autrice : Claire-Maëlle Fovet
Direction : Nabila Seddiki
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Immunologie
Date : Inscription en doctorat le 01/11/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Innovation thérapeutique : du fondamental à l'appliqué (Châtenay-Malabry, Hauts-de-Seine ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Immunologie des maladies virales, auto-immunes, hématologiques et bactériennes
Référent : Faculté de pharmacie

Résumé

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Le concept des 1000 jours définit une période depuis la conception de l'embryon jusqu'au deuxième anniversaire de l'enfant pendant laquelle, entre autres choses, son immunité s'établit. En effet, bien que le système immunitaire commence à se construire pendant la vie utérine, il est encore immature à la naissance. C'est grâce aux interactions avec l'environnement que le système immunitaire se développe et se perfectionne. Toutefois un facteur paraît crucial dans ce processus, il s'agit du microbiote, acquis dans la plupart des cas au cours de la naissance par voie basse puis au travers du lait maternel. La littérature montre d'ailleurs qu'une altération du microbiote (dysbiose) perturbe profondément les capacités du système immunitaire à faire face à une infection ultérieure. Or le microbiote peut être facilement fragilisé, notamment par l'utilisation fréquente d'antibiotiques à large spectre en médecine pédiatrique et, même s'il se reconstitue, l'effet à court et à long terme de cette perturbation transitoire reste mal compris. La bronchiolite aigüe est une pathologie courante chez les enfants de moins de deux ans et qui est le plus souvent due au virus respiratoire syncytial (VRS). Bien que la symptomatologie soit généralement modérée, certains cas peuvent être sévères, notamment chez les très jeunes enfants. Il n'existe actuellement aucun traitement suffisamment efficace contre le VRS, et la recherche peine à proposer un modèle expérimental qui reproduit les cas sévères de la pathologie. De plus en plus d'études soulignent toutefois l'importance du microbiote dans la réponse immunitaire au RSV chez l'enfant, sans pour autant déterminer précisément son étendue. Comprendre le rôle du microbiote paraît donc crucial pour envisager des stratégies préventives ou curatives chez le nouveau-né sensible aux bronchiolites au VRS. La thèse a pour objectif d'évaluer les conséquences d'une dysbiose due à une antibiothérapie à large spectre sur le système immunitaire du nouveau-né lors d'une infection au VRS. Nous étudierons cet impact au niveau de la mise en place et de la régulation des populations cellulaires chez le nouveau-né avec un microbiote intact ou altéré, puis sa réponse immune lorsqu'il est exposé au virus. Pour l'étude d'un tel système intégré, le recours à un modèle animal est indispensable. Bien que les modèles rongeurs soient précieux en recherche fondamentale, ils montrent leurs limites en recherche appliquée translationnelle dans le domaine des maladies infectieuses. Nous utiliserons un modèle de primate non humain, le macaque cynomolgus, pour sa proximité phylogénétique avec l'Homme avec une forte homologie au niveau des acteurs et de l'organisation de la réponse immunitaire mais aussi de la composition microbiotique. Par ailleurs le macaque est un bon modèle pour l'infection au VRS. Ce travail s'appuiera sur la comparaison de groupes de nouveau-nés traités ou non pendant 5 jours aux antibiotiques à large spectre, dès les premiers jours de vie, pour être proche de ce qui est réalisé en service pédiatrique (à partir d'une semaine de vie), et qui seront ensuite exposés au VRS. Pour caractériser les populations cellulaires immunes et leur régulation avec ou sans dysbiose, nous utiliserons principalement des outils de cytométrie en flux (FACS), de dosage cytokinique (Luminex) et de séquençage du transcriptome (RNA-seq) dans le sang périphérique et les lavages broncho-alvéolaires. Nous nous baserons également sur les résultats d'une collaboration interne au laboratoire sur la caractérisation du microbiote et du métabolome dans les muqueuses, pour faire le lien entre le microbiote et les cellules immunitaires, dans ces mêmes conditions. Des analyses intégrées à partir des résultats obtenus seront effectuées. Par la suite nous étudierons les conséquences de la dysbiose sur la réponse immunitaire lors d'une infection consécutive à l'antibiothérapie, et nous regarderons si cette réponse est aussi impactée lorsque l'infection a lieu après une période de reconstitution du microbiote. Nous utiliserons les mêmes outils d'analyse pour cette étude à long terme afin de mettre en évidence et d'analyser les réponses immunitaires mémoires. Enfin, l'étude du remodelage de la chromatine et l'analyse des régions ouvertes ou fermées de la chromatine nous permettront de mettre en évidence une potentielle empreinte épigénétique de la dysbiose dans ces cellules mémoires (ATAC-seq). Ces travaux permettront à l'avenir de mieux comprendre l'importance du microbiote, dès la naissance, dans notre immunité et d'anticiper les effets délétères causés par une dysbiose précoce dans le cas notamment des infections au VRS.