Vers une nouvelle façon de traduire la littérature étrangère : Analyse des procédés d'appropriation culturelle et socio-politiqued'une uvre littéraire étrangère : la traduction française des romans de Charles Bukowski
Auteur / Autrice : | Greta Matuszynski |
Direction : | Karl Zieger, Ronald Jenn |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures comparées |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Analyses Littéraires et Histoire de la Langue |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Karl Zieger, Ronald Jenn, Fiona Mcintosh-varjabédjian, Crystel Pinçonnat, Stéphanie Schwerter, Aurélie Guillain |
Rapporteurs / Rapporteuses : Crystel Pinçonnat, Aurélie Guillain |
Mots clés
Résumé
Les uvres de Charles Bukowski (1920-1994), poète, nouvelliste et romancier américain de la contre-culture, ont maintes fois été qualifiées par la critique française, de licencieuses, de pornographiques, de misogynes, voire de vulgaires, sans se soucier de toute comparaison entre le texte original et sa traduction en français. De plus, le style de l'auteur, loin de toute analyse littéraire, le condamne aux rayons des étagères de la paralittérature. Le passage de l'auteur à l'émission Apostrophes de Bernard Pivot, le 22 septembre 1978, a créé une sorte de mythe « Bukowski », celui d'une personne irrévérencieuse, choquant une partie du public, réjouissant l'autre, consciente d'une idéologie du mouvement punk. En confrontant les six romans de Charles Bukowski en américain (Post Office, 1971 ; Factotum, 1975 ; Women, 1978 ; Ham on Rye, 1982 ; Hollywood, 1989 ; Pulp, 1994), et les traductions françaises (Le Postier, 1978 ; Factotum, 1984 ; Women, 1981 ; Souvenirs d'un pas grand-chose, 1984 ; Hollywood, 1991 ; Pulp, 1995), il a été constaté, non sans une certaine irritation qui a motivé nos recherches, que les écrits de Charles Bukowski subissaient une transformation, que ce soit sur le plan linguistique, culturel et socio-politique. La critique d'une traduction, même si l'on se doit être le plus neutre possible, débute par des points essentiels : l'analyse du capital symbolique de la littérature française, de la contre-littérature, de la notion d'oralité, afin de percevoir l'horizon d'attente de toute une nation. Elle se construit également à partir d'une étude du cheminement d'une uvre littéraire étrangère sur le bureau d'une maison d'éditions française jusqu'aux rayons d'une librairie, sans oublier les campagnes publicitaires, dont les émissions télévisées culturelles font partie. En outre, la retraduction des six romans de Charles Bukowski (Annexe) nous a permis de comprendre la tradition et l'héritage de la traduction littéraire en France, de réagir face à l'influence du patriarcat français dans la perception de l'image de la femme et d'analyser le style de l'auteur, le bar talk, assimilable au skaz. Nos travaux de recherche, qui sourdent d'une déception face au non-respect de l'uvre d'un auteur, nous autorisent aujourd'hui à envisager la traduction d'une uvre littéraire étrangère dans la considération de l'expression artistique d'un individu, et la possibilité de nous détacher de nos valeurs esthétiques, afin d'éviter une littérature uniformisée, produit du capitalisme, et surtout afin de comprendre l'Autre, à travers ce qui caractérise toute littérature : écrire pour soi, écrire pour l'humanité.