Thèse en cours

EDUCATION PROGRESSISTE ET CAPITALISME INDUSTRIEL AVANT ET PENDANT LE NEW DEAL, DANS LE COMTE D'HARLAN, KENTUCKY, DE 1913 A 1944

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Auteur / Autrice : Adrien Lievin
Direction : Hélène Quanquin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes
Date : Inscription en doctorat le 16/11/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes en Civilisations, Langues et Lettres Etrangeres

Résumé

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L'école de Pine Mountain a été fondée en 1913 par la réformatrice progressiste Katherine Pettit. Cette dernière étant membre de la Kentucky Women's Christian Temperance Union, de la Fédération des clubs de femmes de l'État, ainsi que d'organisations dont le but était de promouvoir l'éducation pour toutes et tous dans son état natif, bon nombre de préceptes éducatifs progressistes animaient Pine Mountain, à la fois internat, école primaire et secondaire, que la réformatrice dirigea jusqu'à l'aube des années 1930 et de la Grande Dépression. Les jeunes appalachiens et appalachiennes, au sein de son école, apprenaient principalement à mieux vivre, à mieux manger, ainsi que les rudiments du calcul et de la lecture. Certaines matières, plus manuelles, y étaient aussi enseignées : les jeunes garçons apprenaient l'agriculture « progressiste », et les jeunes filles étudiaient les sciences domestiques (comme la couture, la cuisine et l'entretien ménager). Ayant été éduquée dans une université pour femme « élitiste », Pettit incorpora aussi au programme de Pine Mountain certaines des matières universitaires qu'elle étudia, telles que le latin et le grec, la géographie, et la biologie. Lors des années Pettit, l'école était relativement repliée sur elle-même et avait très peu de contacts avec l'extérieur. En gardant les enfants en internat, l'administration avait pour but de leur faire « oublier » leurs coutumes et habitudes rustres, afin de les transformer en jeunes américains modèles, dignes du modèle progressiste de respectabilité. Aussi, l'école mit un point d'honneur sur le fait de rester le plus possible imperméable au capitalisme et au mode de vie et valeurs socio-professionnelles que représentaient les entreprises minières qui envahirent la région au début du siècle. Pettit voulait transformer ses étudiants en de bon travailleurs indépendants et autonomes, qui ne dépendraient pas du capitalisme industriel pour vivre, se nourrir, et subvenir à leurs besoins financiers. En 1931, Glyn Morris, un Gallois qui avait émigré à NYC et passé du temps dans les cercles intellectuels progressistes et littéraires de la ville, prit le relai lorsque Pettit prit sa retraite. Les années de la Grande Dépression et du New Deal ont été particulièrement importantes dans les Appalaches : cette région, qui fut un bastion de l'industrie minière (et des violences notamment lors des sanglantes coal wars), vit fermer de nombreux de ses bassins miniers, instaurant chômage, misère sociale et criminalité dans sa localité. La tranquillité de Pine Mountain que Pettit avait connue et souhaitée faire perdurer n'était plus : une nouvelle réalité socio-économique avait pris place dans cette modeste communauté. Cette thèse vise à analyser la manière dont une école progressiste « classique » a évolué à la fin de la période progressiste. Un changement s'opéra dans l'école, dans son programme, et dans ses buts éducatifs. Ce changement fut radical, et la nouvelle administration entama une nouvelle ère dans l'école de Pine Mountain, aux allures « post-progressistes » dans ses attitudes qui conservèrent certains idéaux progressistes, tout en instaurant un vent de révolution. Le contexte du cataclysme économique des années 1930 poussa l'école dans ses retranchements et la força à revoir ses stratégies. Elle décida notamment de sortir du système publique, afin de rester une institution privée qui n'aurait pas à trop suivre de manière rigoureuse les grandes directives et injonctions du système centralisé et bureaucratique des écoles publiques. Pine Mountain mit en place des programmes inédits et absolument novateurs, lui conférant un statut avant-gardiste, surtout comparé au système publique et ses programmes trop scolaires qui ne préparaient, selon Glyn Morris, les étudiants qu'à l'université. Dans un environnement rural gangréné par le chômage et la misère, quel était l'intérêt d'apprendre le latin, le grec, et la géographie, telles qu'ils l'étaient enseignée dans les écoles publiques ? Pine Mountain se donna pour mission de préparer ses étudiants à un avenir meilleur, concret et pragmatique, ancré dans leurs communautés respectives, brisant ainsi avec les fondations progressistes, idéalistes, et isolationnistes de l'école. Rompant avec la tradition purement anticapitaliste de Pettit et son aversion pour l'industrie, l'école de Pine Mountain, pour le bien de ses étudiants, choisit de collaborer et de former ses étudiants à vivre avec le capitalisme industriel. Au travers du magasin coopératif, de l'enseignement industriel et professionnel, de sa sensibilité environnementale, et de ses enseignements civiques et économiques, l'école et ses étudiants transformèrent la localité de Pine Mountain.