Le regard des morts : une approche diachronique du rite de la fermeture des yeux depuis l'Antiquité.
Auteur / Autrice : | Laureline Cattelain |
Direction : | Jean-Marc Doyen |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux |
Date : | Inscription en doctorat le 15/10/2020 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire, Archéologie, Littératures des Mondes Anciens |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Fermer les yeux des morts est une pratique clairement documentée depuis la Protohistoire et mentionnée dans les textes depuis l'Antiquité. L'inhumation, pratiquée depuis la Préhistoire, permet d'observer la localisation initiale des objets autour du défunt ainsi que les gestes effectués lorsque la tombe est le lieu primaire de sépulture. Des sépultures datant du IIIe millénaire au Proche-Orient montrent l'adjonction d'objets particuliers afin de couvrir le visage ou ses orifices, ou plus simplement les yeux : masques funéraires ainsi que des cache-yeux en or. Ce geste se rencontre dans les provinces orientales de l'Empire jusqu'à la fin de la période romaine. Par ailleurs, la période romaine voit, dans le courant du IIIe siècle de notre ère, le retour de l'inhumation dans les provinces romaines après plus de trois siècles où la crémation est le rite majoritairement utilisé. Dans ce contexte, une pratique particulière semble apparaître : la fermeture des yeux au moyen de monnaies. Ce geste réapparait ensuite plus récemment dans d'autres cultures. En effet, la fermeture des yeux au moyen de monnaies ou d'autres substituts ne se limite pas à l'Antiquité, puisque ce rite est encore observé aujourd'hui, y compris dans la culture pop. Nous tenterons de comprendre la spécificité des cache-yeux et des monnaies placées sur les yeux. Nous tenterons également de déterminer si d'autres objets ont pu être utilisés pour couvrir les orbites. Pourquoi la ''fermeture'' des yeux est-elle pratiquée et surtout pour qui : pour les morts ou pour les vivants ? La signification de ce rite dans le contexte funéraire sera étudiée à partir de données de terrain récentes ou anciennes, complétées par des sources iconographiques et textuelles, avec une attention particulière aux différents biais, ces sources pouvant répondre à des codes particuliers ou à des objectifs précis. Notre recherche s'inscrira donc dans le champ de l'archéologie funéraire, et plus précisément de l'archéologie du geste, et permettra d'affiner notre connaissance des actions menées lors de la constitution des sépultures et de souligner l'importance de l'enregistrement minutieux de la position de tous les artefacts ou éco-artefacts lors du travail de terrain.