Thèse soutenue

Rôle des neurones à ocytocine dans le développement du système mélanocortinergique et nouvelles perspectives sur les modèles murins du syndrome de Prader-Willi

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Auteur / Autrice : Pierre-Yves Barelle
Direction : Sébastien Bouret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 10/09/2024
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lille Neuroscience et Cognition (Lille)
Jury : Président / Présidente : Stefania Maccari
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Ciofi, Françoise Muscatelli, Anne-Simone Parent
Rapporteur / Rapporteuse : Carmelo Quarta, Sophie Croizier

Résumé

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Le syndrome de Prader-Willi (SPW) est une maladie résultante de l'absence de sept gènes d’origine paternelle qui se manifeste par un développement complexe marqué par un spectre de traits phénotypiques tout au long de la vie. Malgré de nombreux essais cliniques, il n’existe pas de traitements efficaces pour le SPW, principalement en raison d'une compréhension limitée de ses mécanismes physiopathologiques et du manque de modèles adaptés. Parmi les gènes inactivés dans le SPW, NECDIN et MAGEL2 sont particulièrement intéressants. Les modèles murin KO pour ces gènes présentent des phénotypes distincts mais ne parviennent pas à reproduire l'ensemble du phénotype du SPW. NECDIN et MAGEL2 appartiennent à la famille MAGE. Leurs fonctions moléculaires et leurs profils d'expression suggèrent une compensation de l’un par l’autre. L’objectif général de cette thèse est d’explorer les mécanismes génétiques et neurodéveloppementaux du SPW. Le premier objectif est de caractériser le phénotype d'un nouveau modèle murin, appelé Madin KO, présentant une délétion des gènes MAGEL2 et NECDIN. À travers cette double délétion, nous souhaitions abolir les mécanismes compensatoires entre ces deux gènes pour mieux reproduire le phénotype et les interactions génétiques impliquées dans le SPW. Les souris Madin KO présentent un retard de croissance et de puberté ainsi que des difficultés respiratoires et de succion, ressemblant au stade précoce du SPW. Elles combinent également les phénotypes métaboliques et comportementaux retrouvés dans les modèles simples KO et présentent une altération de la maturation de l’ocytocine (OT) associée à un développement perturbé du système mélanocortinergique, deux systèmes neuronaux connus pour jouer un rôle critique dans la régulation de la prise alimentaire. L'OT joue un rôle essentiel dans la régulation du comportement alimentaire et des interactions sociales, des éléments impactant les personnes atteintes du SPW. L'OT est devenue une voie thérapeutique prometteuse, grâce à des travaux rapportant un effet bénéfique de l'OT sur la régulation de l'appétit, en particulier lorsqu'elle est administrée tôt chez les patients atteints du SPW. Il est reconnu qu'une mauvaise programmation des systèmes neurobiologiques au cours de périodes critiques peut entraîner des troubles métaboliques et comportementaux à l'âge adulte. De plus, les souris Magel2 et Madin KO présentent des altérations dans le développement du système mélanocortinergique. Ces observations suggèrent que l’OT pourrait jouer un rôle dans le développement des circuits issus de neurones à proopiomélanocortine (POMC) et agouti-related peptide (AgRP). Par conséquent, le second objectif de cette thèse est d’étudier l’influence des neurones à OT sur le développement du système mélanocortinergique et de déterminer s’il existe une période critique pour ces effets. Nos résultats montrent que la chémoinhibition des neurones à OT durant la première semaine post-natale, mais pas à l’adolescence ni à l’âge adulte, altère la mise en place des projections des neurones à POMC et d'AgRP spécifiquement vers le noyau paraventriculaire de l'hypothalamus. Cet effet est dépendant de la libération par exocytose et médié par la signalisation de l'OT : la destruction génétique des composants du complexe SNARE dans les neurones à OT ou l’inhibition pharmacologique des récepteurs à l’OT altère également le développement des circuits mélanocortinergiques. Enfin, la chémoactivation des neurones OT chez les souris Magel2 KO restaure les projections des neurones à POMC, indiquant que les dysfonctionnements de cette signalisation contribuent aux perturbations neurodéveloppementales observées chez ces souris. Collectivement, nos travaux ont permis de caractériser un nouveau modèle plus représentatif du SPW et de souligner un rôle nouveau de l’OT dans le développement des réseaux hypothalamiques contrôlant la prise alimentaire durant la première semaine de vie postnatale.