Thèse en cours

COVID Long Olfactif et Maladie d'Alzheimer :Mécanismes physiopathologiques partagés, défis diagnostiques et nouvelles approches thérapeutiques

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Auteur / Autrice : Clair Vandersteen-gilardi
Direction : Auriane GrosXavier Fernandez
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Recherche Clinique et Thérapeutique
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2021
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la vie et de la santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cognition Behaviour Technology (Nice)

Résumé

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La recherche en olfaction connait actuellement un regain d'intérêt secondaire à la pandémie de COVID-19 qui sévit depuis fin 2019 et qui impacte l'olfaction de plus de la moitié des patients contractant cette maladie. L'apparition soudaine d'une perte partielle (hyposmie) ou totale (anosmie) de l'odorat est maintenant reconnue comme hautement prédictive d'une infection par le SRAS-COV-2 et peut parfois n'être que le seul symptôme dans 11 à 26 % des cas. En l'état actuel des connaissances, 6 et 12 mois après l'infection par la COVID-19, respectivement 60% et 30% des patients conservent une plainte olfactive. Une perte olfactive durable peut être à l'origine d'une dégradation de la qualité de vie8, de mauvaises habitudes alimentaires, de modifications des relations sociales, de troubles psychiatriques tels que la dépression, l'anxiété ou l'anorexie et ses conséquences nutritionnelles, et enfin de troubles cognitifs. Ces éléments s'ajoutent aux conséquences professionnelles des métiers usant de l'olfaction (sommelier, nez, restaurateurs, professionnels de la sécurité civile et industrielle [gaz, brulé], militaires…). Nos travaux préliminaires ont permis de souligner le caractère central de l'atteinte olfactive post-COVID-19 persistante (≥5 mois). Cette singularité s'oppose aux atteintes périphériques traditionnelles des pertes olfactives post-virales non-COVID. En revanche, la compréhension fine de la physiopathologie et des conséquences neurocognitives de cette atteinte reste incomplète mais nécessaire, principalement dans l'objectif d'optimiser la prise en charge de ces patients. Certains arguments chez ces patients, anosmiques ou hyposmiques post COVID, permettent d'affirmer la pénétration du Sars-Cov-2 dans le système nerveux central à l'origine d'atteintes neurologiques focales, d'un hypo métabolisme cérébral cortical (principalement orbito-frontal et pariéto-occipital bilatéral) et notamment d'une atteinte cognitive globale impliquant la mémoire et les fonctions exécutives. Par ailleurs, certaines cytokines inflammatoire (IL-1, IL-2, IL-4, IL-6, IL10, TNF-a, IFN-gamma) pourvoyeuses de déclin cognitifs et d'atrophie localisées sont intensément produites au cours d'une COVID-19, dans le sang et dans le LCR. Cet orage inflammatoire, tout comme la réaction immunitaire cellulaire à l'encontre des Coronavirii, est connu pour favoriser la démyélinisation. Ce constat nous fait poser la question d'un lien potentiel entre l'aggravation, ou pire, l'émergence d'une maladie neurodégénérative (MND) du spectre d'Alzheimer (AZ) suite à une infection par la COVID-19. De nombreuses maladies virales sont déjà connues pour potentialiser l'accumulation de protéines Amyloïde-beta-42, protéine aux propriétés antivirales et anti microbiennes, dans le système nerveux central (SNC) au cours d'une inflammation majeure. Dans AZ, cette protéine en trop grande concentration précipite dans le SNC et participe à la physiopathologie neurodégénérative. Tout comme l'Amyloïde-beta-42, la protéine alpha-Synucléïne, peptide antimicrobien, peut dans ces mêmes conditions infectieuses, s'accumuler et conduire à une MND du spectre de la maladie de Parkinson (PK). Ce lien hypothétique est d'autant plus possible qu'une perte olfactive peut être le témoin précoce d'une atteinte neurodégénérative, comme la maladie de parkinson (PK) ou la maladie d'Alzheimer (AZ) et présente des caractéristiques intrinsèques similaires avec l'atteinte post-COVID, impactant l'identification des odorants, dimension olfactive sollicitant préférentiellement les fonctions cognitives supérieures23. Les aires associatives sensorielles et motrices semblent être celles qui sont touchées en premier24 par ces MND, supposant qu'il est possible d'anticiper l'apparition clinique d'une MND en dépistant des modifications sensorielles et motrices chez les patients, impliquant alors l'olfaction et la motricité fine. Bien qu'elle soit séduisante dans le diagnostic précoce de MND, l'olfaction prise isolément n'est pas suffisante, en particulier dans la population générale, puisque d'autres pathologies propres à l'ORL ou aux voies olfactives peuvent l'impacter. Il est ainsi primordial de développer d'autres mesures olfactives et motrices pour documenter ces atteintes, parallèlement aux bio marqueurs, aux imageries fonctionnelles et aux analyses génétiques et moléculaires. Les objectifs de cette thèse sont de documenter l'atteinte centrale morphologique (IRM), fonctionnelle (IRM fonctionnelle – électrophysiologie), sensorielle (olfaction) et motrice (épreuve motrices périphériques) d'une perte olfactive post-COVID et de les comparer avec les atteintes séquellaire d'une MND.