Entre Berry, Marche et Bourbonnais : construction des territoires et dynamiques spatiales dans une société féodale (XIe – XVIe siècles)
Auteur / Autrice : | Étienne Ménager |
Direction : | Damien Carraz |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Toulouse (2023-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (TESC) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : FRAMESPA - France, Amériques, Espagne - Sociétés, pouvoirs, acteurs (UMR 5136) |
Mots clés
Résumé
En m’inscrivant dans les héritages historiographiques et épistémologiques liés au spatial turn des sciences sociales, j’étudie les constructions, les structures et les représentations du territoire au Moyen Âge dans le Centre de la France (Berry, Marche et Bourbonnais) du XIe au XVIe siècle. Les sources disponibles invitent à mener une histoire des individus, des représentations et des échanges pour comprendre comment les acteurs nouent des relations sociales qui contribuent in fine à produire le territoire en tant qu’espace vécu ou perçu. Ainsi, avec une approche pluridisciplinaire je m’intéresse aux pouvoirs locaux et aux rapports de domination entre les hommes ; aux écritures et aux pratiques administratives, y compris leur conservation (archivage, mémoire) ; aux relations villes-campagnes ainsi qu’aux paysages et terroirs dans une perspective de restitution cartographique. Je m’appuie sur un corpus de sources varié (titres féodaux et ecclésiastiques, archives privées) et sur une bibliographie renouvelée. Par ailleurs, je procède au réexamen de la bibliographie régionale et locale, en particulier les productions cartographiques, à l’aide des SIG. Les périphéries du Berry, de la Marche et du Bourbonnais constituent un atelier susceptible de tester et de renouveler les paradigmes liés à l’organisation d’une société féodale envisagée sur plus de six siècles. Dès lors, comment cet espace de contacts est-il le produit de territoires enchevêtrés ? Qui sont les acteurs de la territorialité ? Dans cet espace, la fabrique du territoire suscite, pour sa maîtrise, des luttes d’influences entre plusieurs pouvoirs : local (élites laïques et ecclésiastiques), épiscopal, abbatial, comtal et princier, par le biais des hommages et des patronages. En outre, la région porte à partir du Xe siècle le toponyme de marche, ce qui renvoie à une fonction de délimitation. Par la suite, le conflit entre capétien et Plantagenêt et la guerre de Cent Ans accentue le caractère intermédiaire de la région. Frontière, marge, et marche doivent être interrogées dans une large acception (politique, géographique, économique, sociale, culturelle, linguistique, stylistique, etc.) car elles sont avant tout des constructions sociales. Les sources permettent de restituer une géographie complexe des limites, entre permanences et mutations. Il s’agira donc de représenter cartographiquement l’enchevêtrement des aires d’influences et des frontières, avec une attention accordée aux mutations de longue durée et au caractère mouvant de celles-ci. Par ailleurs, les marges sont aussi des espaces moteurs de migrations, qu’elles soient volontaires ou contraintes, motivées par des facteurs économiques notamment. À la fin du Moyen Âge, les migrations vers le Nord et notamment Paris, provoquées par une recrudescence du servage, montrent que la frontière est aussi un horizon à dépasser.