Liens mécanistiques entre la CRSC et les corticoïdes
Auteur / Autrice : | Marta Zola |
Direction : | Francine Behar |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Pharmacologie ed 563 |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 13/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | ED 563 Médicament, Toxicologie, Chimie, Imageries |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Say Viengchareun, Jerome Bertherat, Alicia Torriglia, Alain Gaudric, Sobha Sivaprasad, Marco Lupidi, Francine Behar |
Rapporteur / Rapporteuse : Sobha Sivaprasad, Marco Lupidi |
Mots clés
Résumé
Les glucocorticoïdes (GC) sont l'une des classes de médicaments les plus prescrites dans de nombreux domaines de la médecine en raison de leurs puissants effets anti-inflammatoires. Les effets secondaires oculaires tels que la cataracte et le glaucome ont été reconnus très tôt et sont associés à leur utilisation systémique et locale. La choriorétinopathie séreuse centrale (CRSC) est une maladie choriorétinienne pour laquelle les GC et le stress sont des facteurs de risque importants. Elle se caractérise par l'apparition de décollements séreux de la rétine secondaires à une rupture focale de la barrière de l'épithélium pigmentaire rétinien (EPR) et est souvent associée à des décollements de l'épithélium pigmentaire (DEP), à une épithéliopathie pigmentaire et à une augmentation de l'épaisseur de la choroïde. Les voies d'administration des GC les plus fréquemment associées à la CRSC sont nasales, articulaires, orales et cutanées. Cependant, la CRSC est une maladie rare par rapport au grand nombre de personnes traitées avec des GC pour diverses indications. En outre, bien que des doses élevées et soutenues de GC soient couramment administrées directement dans l'oeil, elles ne favorisent pas le développement d'une CRSC. Le lien entre les GC et la CRSC est basé sur des études épidémiologiques, mais les mécanismes exacts de ce lien restent mal compris. L'activation de la voie du récepteur minéralocorticoïde (MR) par les GC exogènes ou le cortisol endogène a été proposée par notre équipe comme un mécanisme potentiel reliant les GC à la CRSC. L'objectif de cette thèse est d'élucider, au moins en partie, les mécanismes liant les corticoïdes à la CRSC, en réalisant à la fois des études expérimentales chez le rat Lewis et des analyses sur des échantillons humains. Nous émettons l'hypothèse qu'un déficit en cortisol, plutôt qu'un excès, peut contribuer au développement de la CRSC. Les ligands corticoïdes ont été mesurés par immunodosage ELISA et par une méthode de chromatographie liquide-spectrométrie de masse (LC-MS/MS) hautement sensible et spécifique. Nous avons utilisé la RT qPCR pour quantifier l'ARNm des récepteurs. Nous avons étudié les niveaux de corticostérone oculaire et l'équilibre des récepteurs corticoïdes, à la fois MR et GR, chez les rats Lewis après un traitement systémique à la dexaméthasone et un freinage consécutif de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA). Nos résultats indiquent que les GC systémiques influencent l'expression des récepteurs gluco et minéralocorticoïdes dans différents tissus oculaires et favorisent un déséquilibre vers l'hyperactivation de la voie minéralocorticoïde. Les concentrations intraoculaires de corticostérone sont significativement réduites par le traitement systémique. Dans une large cohorte de patients atteints de CRSC, nous avons pu quantifier les niveaux intraoculaires de métabolites de corticostéroïdes. Les patients atteints de CRSC avaient des niveaux intraoculaires réduits par rapport aux témoins sains. Nous avons traité par voie systémique des rats Lewis avec des antagonistes des récepteurs MR et de la dexaméthasone. L' antagoniste du MR rétablit partiellement l'équilibre MR/GR dans les tissus oculaires des rats, où l'hypocortisolisme intraoculaire iatrogène active la voie MR. Nous avons également observé que la dexaméthasone modifiait la composition du stéroïdome sérique et intraoculaire, en réduisant la corticostérone et en augmentant l'aldostérone (uniquement détectable dans le sérum). En conclusion, nous avons montré que la prise de dexaméthasone exogène et la carence en cortisol endogène qui s'ensuit entraînent un déséquilibre du système MR/GR intraoculaire, avec un déplacement vers l'activation du MR et une réduction du cortisol intraoculaire dans un modèle de rat. Le traitement systémique par antagonistes du récepteur MR permet de contrebalancer la situation. De manière intéressante nous avons mesuré des réductions des mêmes métabolites chez les patients atteints de CSCR