RHUMATISMES INFLAMMATOIRES CHRONIQUES ET COMORBIDITÉS : ANALYSE DES COHORTES EN POPULATION GÉNÉRALE GAZEL ET CONSTANCES
Auteur / Autrice : | Helene Gouze |
Direction : | Philippe Aegerter, Maxime Breban |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Epidémiologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/01/2022 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations |
Equipe de recherche : Epidémiologie respiratoire intégrative | |
Référent : Faculté de médecine |
Résumé
Introduction : Les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) sont responsables d'une inflammation et à terme de destruction articulaire, à l'origine d'incapacités fonctionnelles et d'une détérioration de la qualité de vie (QdV) des patients. Cependant, la réduction de la qualité de vie ne relève pas que de l'atteinte articulaire, mais aussi d'autres facteurs, notamment l'incidence augmentée de maladies cardiovasculaires (MCV) chez ces patients, et d'autres comorbidités plus fréquemment associées aux RIC. La mortalité cardiovasculaire (CV) représente la première cause de mortalité chez ces patients, que ce soit pour la polyarthrite rhumatoïde (PR), la spondylarthrite (SpA) ou le rhumatisme psoriasique (RPso). Cette augmentation de la mortalité ne semble pas être expliquée uniquement par les facteurs de risque CV habituels, ainsi les scores prédictifs de CV s'avèrent mal calibrés, suggérant un rôle propre des pathologies articulaires. Cependant, les études antérieures majoritairement transversales, documentent mal ce risque évolutif. Un travail préliminaire focalisé sur l'association entre une MCV et la présence d'une PR, ainsi que sur la relation entre MCV et auto-anticorps associés à la PR, réalisé dans la cohorte Gazel, indique que la PR per se semble être associée à une augmentation du risque de MCV (OR= 3.03, IC95 : 1.13-8.11), indépendamment de la présence d'autres facteurs de risque CV et de la présence d'auto-anticorps associés à la PR. Cette étude a par ailleurs soulevé la question de bien identifier les RIC à partir de données déclaratives et d'évaluer l'apport diagnostique des données médico-administratives afin de statuer sur leur prévalence en population générale, et au-delà sur leur potentiel évolutif, notamment dans le domaine CV. La problématique de recherche se décline ainsi en plusieurs questions : 1. Quelle est la fiabilité du repérage des diagnostics de RIC (PR, SpA, RhPso) dans les bases médico-administratives ? 2. Quelle est la prévalence des RIC dans la population générale adulte ? 3. Quel est le pronostic CV des RIC, et peut-il être prédit de façon fiable ? 4. Quelles sont les autres comorbidités spécialement associées aux RIC et sont-elles associées à une modification du risque CV ? Méthodes : La cohorte Gazel, si elle offre l'avantage d'un recul important, est affectée d'une sur-représentation masculine et son effectif (n=15.000) limite les possibilités d'analyses de pathologies dont la prévalence est sans doute inférieure à 1 %. En conséquence, le travail portera sur la cohorte Constances (n=200.000, représentative de la population adulte selon l'âge et le sexe), en utilisant les données sociodémographiques, celles issues des questionnaires annuels et du bilan clinique quinquennal (facteurs de risque). Une jointure avec le Système National de Données de Santé (SNDS) permettra de compléter les parcours de soins, les diagnostics (maladies MCV et autres comorbidités ) et les traitements. La première étape, dans le cadre d'une collaboration avec le Réseau Données Sniiram (ReDSiam), évaluera les algorithmes de validation des diagnostics rhumatologiques sur un échantillon aléatoire de sujets directement interrogés par téléphone au moyen d'un questionnaire standardisé spécifiquement élaboré pour le diagnostic des RIC. Ce résultats seront utilisés pour estimer les prévalences de PR, SpA, RhPso à partir des diagnostics confirmés. L'analyse de l'incidence des comorbidités s'appuiera sur un modèle de survie de Cox en utilisant l'âge comme axe de temps, et ce pour chaque pathologie articulaire (PR, SpA, RhPso). Etant donné que certains sujets peuvent avoir des comorbidités préexistantes, un modèle multi-état pourra être utilisé. L'adaptation des équations de risque CV comparera le gain apporté par une recalibration du score total ou par une recalibration des coefficients. Conséquences attendues : L'accès aux données de la cohorte Constances offre l'opportunité d'une estimation fiable de la prévalence, grâce à la validation des algorithmes diagnostiques, qui pourra servir de base à l'évaluation du fardeau lié aux RIC. Le travail permettra également d'évaluer la majoration du risque CV dans les RIC et d'étudier l'effet des autres comorbidités associées à ces pathologies, et ce en comparaison de la population générale. L'établissement d'un score de risque CV spécifiquement adapté à ces patients devrait améliorer les stratégies de prévention CV.