Valeurs en partage chez les Goncourt
Auteur / Autrice : | Alice Mugierman |
Direction : | Éléonore Reverzy |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 06/10/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (Paris) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Moralistes brisant les masques et la blague, les Goncourt ont la passion de la vérité : l’expérience douloureuse du réel, de sa discontinuité, de son vertige. Leur méthode documentaire et leur noble extraction les prémuniraient des dogmes de l’Opinion, symptômes de la démocratisation de leur société. Pour ces réactionnaires fustigeant le mythe du progrès, la Révolution de 1789 inaugure une dégénérescence : abandonnant sa responsabilité envers la polis, l’homme calcule le coût de ses ambitions individuelles et vend son esprit critique au plus offrant. Contre cet anéantissement de la personnalité dont ils retracent l’origine dans leurs écrits d’histoire, les frères construisent des personnages qui font prévaloir la charité et l’empathie, en fantasmant le XVIIIe siècle et en faisant de la maladie le signe d’une noblesse dégradée. Ils signent également leur œuvre du style artiste, quête de l’inédit et du curieux imposant une violence au public bourgeois. Pourtant, leurs romans comme leur histoire entretiennent de profonds liens avec l’ère démocratique : se focalisant sur ce qui est considéré comme peu digne d’intérêt - les marges silencieuses (féminines, populaires), les pratiques culturelles, la langue quotidienne – les Goncourt les revalorisent en affirmant leur représentativité. Ce système axiologique ambivalent, où les valeurs portées par les personnages mettent en débat les normes sociales, est partagé avec le lecteur pour l’engager à considérer l’altérité.