Le contrôle des exportations des biens à double usage au regard du principe de liberté
Auteur / Autrice : | Julien Nava |
Direction : | Philippe Stoffel-Munck |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences juridiques |
Date : | Inscription en doctorat le 15/10/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit de la Sorbonne (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche juridique de la Sorbonne (Paris ; 2001-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Depuis le XVIIIème siècle, les physiocrates, Adam Smith ou encore l’achèvement du traité de commerce franco-anglais (1786) encouragent fortement la transformation des politiques mercantilistes du XVIème et du XVIIème siècle vers une économie libre-échangiste. En conséquence, les Etats se définissant jusqu’alors, en sus de leurs frontières, par l’existence de taxes et de règlements propres à l’importation et à l’exportation, comme autant de barrières au commerce international, doivent envisager leur propre transition vers des systèmes multilatéraux et ouverts aux échanges. Au sein de l’Union européenne (EU) notamment, l’application des méthodes de reconnaissance mutuelle et d’harmonisation européenne vient garantir la libre circulation des marchandises telle que défini aux article 26 et 28 à 37 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Pour autant, ce droit à la libre circulation des marchandises n’est applicable qu’au sein de l’UE et reste par principe dépourvu d’effet avec les Etats-tiers. La multiplication de régimes multilatéraux organisant le libre échange entre leurs Etats-membres coïncide avec la création de régimes de contrôle à l’importation et aux exportations justifiés par la nécessité de protéger certains principes ou de se protéger. En particulier, l’émergence de conflits armés très nombreux et violents durant le XXème siècle et leur étude juridique a contribué à observer justement la corrélation entre la survenue d’un risque de guerre et l’augmentation des exportations d’armes. L’encadrement de ces exportations, en les soumettant à l’obligation de déclaration, l’octroi de licence ou d’autorisation, a largement contribué à transformer l’exception du contrôle en un principe émaillé d’exemptions. L’apparition de technologies très spécifiques et très pointues, dont l’usage ne pouvant être arbitrairement confié au militaire ni moins au civil, a en effet créé une catégorie particulière : les biens à double usage ainsi que le règlement UE 2021/821 les définit en s'inspirant très largement de l'Arrangement de Wassenaar de 1996 ainsi que de sa liste de contrôle . L’enjeu de ce contrôle particulier est ainsi d’encadrer la potentialité d’un détournement en abus créant un danger ; ce, bien que les entreprises civiles ou celles à faible potentiel stratégique soit également concerné et contrainte par l’application de dispositions supplétives à leurs échanges UE/tiers, intra/UE et particulièrement UE ou tiers / France. L’objectif de cette thèse est précisément d’offrir un aperçu global de la législation applicable et de cerner la logique d’un contrôle lourd pour les entreprises en ce qu’il semble porter atteinte à leurs libertés d’entreprendre, d’échanger, de contracter contribuant pourtant au libre-échange vainqueur. Cette thèse cherchera donc à répondre aux problématiques suivantes : à quelle logique répond la mise en place de contrôle d’exportations ? quels sont les différents régimes applicables ? Comment s’est construit le régime européen ? Comment la France vient compléter l’arsenal européen ? Dans quelle mesure la liberté des exportateurs est-elle impactée et comment s’y adapter ?