Influence des représentations et biais perceptifs des enseignants en éducation prioritaire sur le sentiment d'incompétence de leurs apprenants : mesures psychométriques et approche socio-clinique
Auteur / Autrice : | Nafissa Zaaraoui |
Direction : | Sébastien Pesce |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'Education |
Date : | Inscription en doctorat le 27/09/2021 |
Etablissement(s) : | Orléans |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Équipe de recherche contextes et acteurs de l'éducation (Orléans ; 2018-....) |
Mots clés
Résumé
La recherche porte sur le sentiment de compétence personnelle, c'est-à-dire les « jugements qu'une personne porte sur ses capacités à organiser et à exécuter les actions requises pour atteindre un but donné » (Bandura) des élèves issus de l'éducation prioritaire. Plus particulièrement, nous proposons de nous intéresser à l'illusion ou sentiment d'incompétence que ces élèves développent dans le système scolaire français. Leyens définit ce biais cognitif comme un « jugement personnel prédictif négatif, dévalorisant porté sur ses capacités et sur soi-même qui altère considérablement ses compétences, ses réussites potentielles » et plus généralement l'estime de soi. Dans le domaine scolaire, la perception et les jugements a priori des enseignants, influencés par leurs représentations, déterminent grandement la capacité des élèves à construire une image valorisante de leur identité sociale, et plus largement à développer un sentiment de compétence personnelle (Rosenthal, Jacobson). C'est particulièrement vrai pour les élèves de l'éducation prioritaire (Croiset, Claire). Les enseignants peuvent donc, malgré eux, véhiculer certains stéréotypes auprès de ces populations. Or la recherche en psychologie sociale montre de sensibles effets et les conséquences délétères d'une intériorisation des stéréotypes chez les élèves scolarisés dans les quartiers populaires et/ou défavorisés (Steele et Aronson). Le premier volet de la recherche étudie ce processus de stéréotypisation, ainsi défini : à force d'être confrontés à des images négatives de leur groupe social d'appartenance, « les individus finissent par considérer les caractéristiques stéréotypiques de leur groupe comme leur étant personnellement applicables » (Allport). La thèse propose de questionner l'existence d'un sentiment d'incompétence chez les élèves scolarisés en réseau d'éducation prioritaire et d'examiner en quoi l'intériorisation de biais ethno-sociaux liés au groupe d'appartenance des élèves scolarisés en réseau d'éducation prioritaire est déterminante dans l'émergence d'un sentiment d'incompétence. Il s'agira par ailleurs d'examiner les processus qui peuvent mener à un sentiment d'incompétence ressenti par les élèves et en quoi celui-ci peut avoir des conséquences nuisibles sur leur capacité d'identification à l'institution scolaire. Le second volet de la recherche interroge les conditions et les modalités d'interventions, auprès d'équipes enseignantes, qui permettent d'accompagner l'évolution de représentations qui jouent un rôle important dans le sentiment de compétence ou l'illusion d'incompétence des élèves. À distance d'interventions qui prennent la forme classique de formations, et revêtent une forte dimension prescriptive, la recherche propose de mobiliser les apports de l'analyse institutionnelle (Lourau, Lapassade) et d'explorer la voie de l'intervention socio-clinique. Elle propose de mettre au travail les représentations d'enseignants en poste en réseau d'éducation prioritaire, en interrogeant ce qui constitue l'imaginaire collectif (Giust-Desprairies) d'équipes pédagogiques. Plus précisément, la thèse vise à appréhender les processus de transformation en jeu chez des enseignants engagés dans des dispositifs d'intervention. L'une des caractéristiques de la recherche est ainsi de développer une double démarche méthodologique alliant mesures psychométriques et démarche compréhensive empruntant à l'analyse institutionnelle et à l'intervention socio-clinique. Cette double voie méthodologique doit permettre de révéler les enchevêtrements réciproques entre distorsion de la pensée logique imprégnée par des biais perceptifs chez les enseignants de l'éducation prioritaire et sentiment d'incompétence chez leurs apprenants.