Historiographie, mystique, psychanalyse. Michel de Certeau : une archéologie religieuse
Auteur / Autrice : | Niccolo Brandodoro |
Direction : | Pierre Antoine Fabre |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Terrains, textes, interdisciplinairité |
Date : | Inscription en doctorat le 23/11/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec Sapienza Università di Roma |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Ce travail analyse la théorie et la pratique de l'histoire de Michel de Certeau (1925-1986) en approfondissant le projet d'une ''archéologie religieuse'' qu'il a élaboré. À travers cette expression employée dans L'écriture de l'histoire (1975), Certeau étudie les glissements et les nouveaux fonctionnements des pratiques et des idéologies dans le passage de l'univers théologique médiéval à la modernité. Dépassant le cadre de l'œuvre de 1975, cette recherche essaie de montrer que toute l'aventure intellectuelle de Certeau se structure comme une ''exégèse non religieuse'' (Le lieu de l'autre, 2005) du discours chrétien. En renvoyant à la fable qui, depuis l'intérieur même du religieux, dépasse et déborde les limites des dispositifs identitaires dans lesquels elle se trouve nécessairement confinée, les recherches certaliennes sur la mystique permettent en effet de saisir l'exil fondateur, la ''rupture instauratrice'' du christianisme. En tant que référent impossible du récit historique, la littérature mystique suscite également une remise en question des présupposés épistémologiques de l'historiographie. Si cette dernière, pour Certeau, se structure comme un ''travail sur la limite'' d'un réel inappropriable, d'un passé non réductible à un simple fait objectivable, de la même manière la méthode psychanalytique est interprétée comme un discours capable de s'ouvrir à ce qui la dépasse, laissant le passé refoulé revenir dans le présent de l'analyse. L'Aufklärung freudienne devient ainsi protagoniste d'une rupture épistémologique capable de dégager une possibilité radicalement nouvelle de pratiquer l'histoire. L'entrelacement – au nom d'une origine (archè) insaisissable – entre ces domaines disciplinaires rendu possible par l'enquête certalienne constitue donc l'objet de la thèse.