Thèse en cours

L'holobionte Hyalomma marginatum : taux d'infection, dynamiques spatiale, temporelle et interactions

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Auteur / Autrice : Charlotte Joly-Kukla
Direction : Thomas PolletSara Moutailler
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : BDI-Biologie des Interactions symbiotiques et parasitaires
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2021
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ASTRE - Animal, Santé, Territoires, Risques et Ecosystèmes

Résumé

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Les tiques sont l'un des principaux vecteurs d'agents pathogènes pour l'Homme ou l'animal et représentent donc un problème de santé publique et vétérinaire dans le monde entier. En Europe, ce sont même les premiers vecteurs d'agents pathogènes. En France, une quarantaine d'espèces de tiques ont jusqu'ici été identifiées dont Hyalomma marginatum, récemment installée. Endémique dans plusieurs pays méditerranéens, cette espèce était absente des régions du sud de l'Hexagone jusqu'à 2015. Depuis cette date, H. marginatum s'est établie sur le littoral méditerranéen français, notamment dans certaines zones de la région Occitanie, avec une aire de répartition qui ne cesse de s'étendre. Cette espèce de tique est d'un grand intérêt car elle transmet tous types d'agents pathogènes allant des virus aux bactéries en passant par les parasites à la fois chez l'Homme et l'animal. L'exemple le plus connu étant le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) qui provoque chez l'homme des flambées de fièvre hémorragique sévère et dont le taux de létalité peut aller de 10 à 40%. Ce virus endémique en Afrique et en Asie est désormais considéré comme un agent pathogène émergent en Europe après plusieurs cas dénombrés depuis 2016 en Espagne notamment. H. marginatum est également porteuse de la bactérie Rickettsia aeschlimannii, responsable de fièvres boutonneuses chez l'Homme et présente dans des pays d'Europe de l'Ouest comme la France, l'Espagne et le Portugal. Enfin, deux parasites : Babesia caballi et Theileria equi, sont vectorisés par cette tique, et sont quant à eux responsables de piroplasmoses chez les chevaux. Ces quatre agents pathogènes sont les plus souvent retrouvés chez H. marginatum, mais ne sont sûrement pas les seuls : il est en effet fortement probable qu'une plus grande diversité d'agents pathogènes encore méconnus jusqu'ici soient portés et potentiellement transmis. Par ailleurs, comme pour tous les êtres vivants, la tique possède un microbiote. Il s'agit de l'ensemble des micro-organismes assurant des fonctions essentielles chez l'hôte, dans le développement, la physiologie et le métabolisme dans le cas de la tique. Il est intéressant de noter que ce microbiote pourrait également avoir un rôle clé dans le portage et la transmission des agents pathogènes. Afin de contrôler la tique H. marginatum et le potentiel danger qu'elle représente, des acaricides sont actuellement employés et représentent le principal moyen de lutte contre cette tique. Néanmoins, l'utilisation de ces composés toxiques sont eux-mêmes problématique pour la santé et l'environnement. Se situant dans l'approche One Health, l'objectif serait de mettre au point de nouvelles méthodes de lutte plus écoresponsables. L'une des perspectives serait notamment d'utiliser le microbiote des tiques susceptible de limiter l'acquisition ou la transmission des agents pathogènes. Pour cela, les communautés microbiennes de la tique (agents pathogènes et microbiote) doivent avant tout être identifiées et caractérisées. C'est dans ce contexte que se situe le projet de thèse. Faisant partie intégrante du projet Holistiques (Hyalomma marginatum en région Occitanie : étude d'une invasion biologique en cours et des risques associés, 2021-2024) financé par le défi clé RIVOC, les objectifs de la thèse, financé par l'INRAE, sont: (i) identifier et caractériser la dynamique des agents pathogènes portés par H. marginatum et évaluer le taux d'infection des tiques en Occitanie, (ii) identifier et caractériser la dynamique du microbiote des tiques et enfin (iii) identifier les interactions tripartites tiques, microbiote et agents pathogènes. Les connaissances fournies par ce projet pourront être utilisées en recherche pour la mise au point de méthodes de lutte biologiques (i.e. modification du microbiote par vaccination en ciblant des espèces bactériennes clés), essentielles dans les années à venir pour la santé humaine, animale et environnementale.