Thèse en cours

Intentionnalité inconsciente du meurtre conjugal et subjectivation de l'affect. Dispositif d'évaluation clinique en milieu pénitentiaire et transfert

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Auteur / Autrice : Yan Bylon
Direction : Marie-José Grihom
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie
Date : Inscription en doctorat le 07/09/2021
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, langage(s) (Poitiers ; 2009-2018)

Résumé

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À la rencontre d’auteurs de meurtres conjugaux et dans le contexte d’une pratique clinique en dispositif pénitentiaire d’évaluation, se pose la question de la qualité de la subjectivation des affects et de ses rapports avec l’intentionnalité de l’acte. Sous l’angle de l’approche psychanalytique et de la posture qui en découle, nous explorons l’intentionnalité inconsciente du meurtre conjugal au regard des affects et de leur possible intégration ou non en fantasme de destruction chez les auteurs. Passant en revue la littérature, cette thèse propose d’abord de concevoir la notion d’intentionnalité sous l’angle de la psychanalyse, donc en référence à une dimension inconsciente, et dégage alors l’intentionnalité d’une conception philosophique et phénoménologique dominante. Dans une articulation des dimensions intrapsychique et intersubjective, l’intentionnalité inconsciente peut alors être comprise comme un concept pour aborder la rencontre entre un sujet et un autre sujet avec l’enjeu de la représentation du lien à cet objet et celui d’une découverte potentielle des affects qui y sont véhiculés. S’en suit une approche dialogique de deux des éléments de la conjugalité que sont l’affect et le lien. L’affect est étudié dans sa complexité en tant qu’il se compose, qu’il a une fonction réflexive et représentative ainsi qu’une relativité c’est-à-dire qu’il se rapporte à d’autres affects. Le lien conjugal est analysé sous l’angle des processus par lesquels des sujets s’allient et développent leur vie amoureuse et conjugale en y faisant résider leur affect selon la dynamique d’une intentionnalité. Après avoir précisé la manière dont les processus affectifs d’une part et ceux de nouage des liens d’autre part se mettent en place, la recherche s’intéresse aux potentialités d’émergence des violences meurtrières. À partir d’une méthodologie du « Cas singulier » et grâce à la rencontre clinique de deux sujets incarcérés et condamnés pour meurtre conjugal, une femme et un homme, nous faisons l’hypothèse selon laquelle l’intentionnalité de l’acte meurtrier conjugal, telle qu’on peut la saisir en contexte d’observation, est fonction de la subjectivation des affects et de l’alliance du sujet auteur. L’utilisation du génogramme avec ces sujets nous permet d’apprécier la capacité du sujet à organiser son groupe familial, se représenter sa place dans ses liens et à les subjectiver. Si nos observations mettent en avant que l’intentionnalité inconsciente du meurtre conjugal est fonction de la subjectivation des affects, d’autres éléments tels que l’asymétrie des places genrées au sein du groupe familial sont notables. L’acte violent du sujet apparaît alors comme le révélateur de logiques subjectives aliénées à l’intentionnalité de l’autre sujet et de logiques existentielles et identitaires notamment filiatives et parentales. Le cadre clinique en contexte d’évaluation permet de saisir le jeu potentiel au sein duquel le sujet peut faire signe des restes non symbolisés de sa souffrance. La posture psychanalytique dans un tel cadre évaluatif permet, par la prise en compte des mouvements transférentiels, d’être attentif à ce qui se dit et s’agit dans le cadre pour être replacé dans une chaîne signifiante qui permette une relance potentielle des processus de symbolisation. La perspective étant de faire que ce temps évaluatif compte singulièrement dans l’ensemble global que constituent les prises en charge en milieu carcéral dans le maillage des secteurs santé-justice-social.