Panser à l'ère de l'information numérisée en pensant autrement
Auteur / Autrice : | Ronan Le reun |
Direction : | Corine Pelluchon |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie pratique |
Date : | Inscription en doctorat le 15/09/2021 |
Etablissement(s) : | Université Gustave Eiffel |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (Créteil) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le travail de thèse portera sur des registres gnoséologiques et logico-linguistiques. Par le flux numérique, le sens de l'information exprime un flux discursif et sémantique qu'il convient d'analyser. Il convient même de définir les conditions d'accès à la connaissance. La problématique de penser autrement avec le numérique se trouve pour moi résumé dans une phrase de Bernard Stiegler : « Les gens croient qu'en étant informés, ils savent quelque chose. Or pas du tout ! Un savoir n'est pas seulement une information mais la transformation de celui qui sait par ce qu'il apprend aux autres » (interview à Télérama le 27 avril 2016). L'informatisation du processus de soin s'appuie en grande partie sur le paramétrage, c'est-à-dire sur la formalisation algorithmique de protocoles. Les savoirs de chacun, ainsi partagés par le collectif, sont propulsés aux yeux de tous les soignants par écrans interposés. Ces informations peuvent même parfois être interprétées par la machine. La réflexivité serait-elle alors condamnée par l'effondrement du temps nécessaire pour apprendre pour soi ou pour apprendre aux autres, pour échanger, pour pouvoir exprimer ses besoins et attentes ? Quel est le rapport de notre propre savoir à ce flux continu d'informations ? Nous avons noté que le principe de transduction conditionne désormais nos relations au sein d'un collectif soignant, et nous savons aussi que l'information ainsi portée par les réseaux informatiques influe, parfois en bien, parfois en mal, sur nos capacités cognitives. Entre ceux qui revendiquent seulement un savoir par l'expérience et rejettent quelque peu la technique et ceux qui suivent à la lettre le savoir académique des protocoles ou procédures implémentés dans les logiciels, il importe de se demander comment la technique peut guider le soignant vers une pratique juste et réflexive, en somme vers une pensée écologique de l'information. Ces questions ne sont pas si simples, car si nous évoquons une érosion de la réflexivité chez les soignants, nous pouvons supposer aussi que le numérique standardise la pratique réflexive. L'issue serait alors de trouver un partenariat réflexif coopératif alliant médiation technique et médiation sociale, une façon de mettre en relation ce qui paraît opposé.