Thèse en cours

DECRIRE, PORTRAITURER ET CARTOGRAPHIER LES VILLES Acteurs, techniques et circulation des savoirs à l'œuvre dans les livres et atlas de villes en Europe occidentale (fin XVe – milieu XVIIe siècle.)
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Auteur / Autrice : Eric Grosjean
Direction : Emilie D'orgeix
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire et Histoire de l'Art
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)

Résumé

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L'historiographie distingue assez clairement la longue période à partir de laquelle les communautés urbaines dotées de pouvoirs politiques participent à l'élaboration de leur récit et de leur représentation et celle où la ville est le sujet de types littéraires normés (laudatio urbis). À partir de la seconde moitié du XVe siècle, avec la redécouverte de la géographie de Ptolémée, apparait une importante production d'ouvrages géographiques imprimés (géographies, cosmographies, recueils...) inventant de nouvelles façons d'appréhender et de décrire un monde en plein expansion, puis offrant un foisonnement de nouveaux genres jusqu'au milieu du XVIIe siècle (théâtres, topographies, atlas…). Les représentations de villes s'offrent aux lecteurs sous forme d'un dialogue entre texte et image. Issus du foisonnement intellectuel et des réseaux de l'humanisme, les auteurs de ces ouvrages géographiques y intègrent une part variable et croissante de représentations de villes combinant représentations littéraires et icono-cartographiques. Elles semblent devenir le sujet principal voire unique de livres de villes ou d'atlas de villes, dès le milieu du XVIe siècle, leur vocation ne résidant plus dans la célébration ou la louange d'une ville spécifique ; elles paraissent ainsi définir un genre propre au sein d'une production géographique prolifique à ambition universelle. Quels facteurs conduisent à élaborer ces collections de villes ? Quelles sont les motivations des acteurs qui les produisent ? Ces ouvrages sont-ils portés par des intentions implicites et si oui, lesquelles ? Forment-ils un genre vraiment distinct ? Plusieurs ? A partir de quand ? À une époque où les sciences géographiques et cartographiques ne sont pas encore figées, à une époque où l'oikoumène se redéfinit, la ville n'apparaît-elle pas aux yeux de ces acteurs comme le meilleur moyen d'interroger le monde et ses cultures et d'affirmer le rayonnement de la ville chrétienne européenne, car elle est le dénominateur commun de ces réseaux d'intellectuels et d'érudits qui en sont à l'origine ? Telles sont les questions auxquelles cette thèse souhaite répondre. Afin d'expliquer et comprendre ce qui promeut ces entreprises, il semble nécessaire de constituer un corpus large qui tienne compte de la circulation des savoirs et des acteurs dans l'espace et le temps de l'Europe occidentale depuis le dernier quart du XVe siècle jusqu'au milieu du XVIIe siècle, soit vingt et un ouvrages (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Suisse, Angleterre, Espagne). Il faut aussi, prendre en compte la double dimension que représente le texte et l'image, percevoir comment se constituent et s'articulent les formes littéraires et iconographiques du discours et le rôle dévolu à chacune dans la représentation de la ville (axe 1). À l'échelle de chaque ouvrage, il est nécessaire de comprendre le rapport de chaque ville à son territoire et des villes entre elles, pour cerner la cohérence et l'ampleur du réseau représenté (axe 2). Ces ouvrages sont très dépendants des motivations et des contraintes qui pèsent sur chaque acteur intégrant la chaîne complexe de leur fabrication et, si l'on a, à tort, tendance à dissocier commanditaire, auteur, éditeur, libraire, arpenteur, dessinateur, graveur, imprimeur, il faudra étudier dans les faits de la multiplicité des combinaisons possibles des rôles de chacun (axe 3). Une fois ces approches préliminaires réalisées, on pourra reconstituer la généalogie, analyser la sédimentation et la circulation de ces représentations littéraires et icono-cartographiques entre l'ensemble des éditions à travers l'Europe, comprendre les raisons conduisant à la réalisation de nouvelles représentations ; l'opération permettra certainement de préciser l'ambition voire de proposer une typologie de ces livres de villes que l'on résume trop souvent et par facilité à des atlas urbains (axe 4).