Thèse en cours

Différentes perspectives sur le fonctionnement du zooplancton dans le sud de la mer du Nord et dans la Manche en relation avec les niveaux trophiques inférieurs et supérieurs

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Auteur / Autrice : Carolin Neven
Direction : Paul MarchalCarolina Giraldo
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de la Mer - Biologie et écologie
Date : Inscription en doctorat le 10/11/2021
Etablissement(s) : Littoral
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences, Technologie, Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LRH - Laboratoire Ressources Halieutiques

Résumé

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Le plancton joue un rôle central dans les écosystèmes marins (Richardson, 2008). En tant que producteur primaire autotrophe, le phytoplancton séquestre le carbone, est estimé qu'il produit 50 à 70 % (Behrenfeld et al., 2001 ; Walker, 1980) de l'oxygène atmosphérique et constitue la base énergétique et nutritionnelle des océans. En broutant le phytoplancton, le zooplancton régule les cycles biogéochimiques, la qualité de l'eau, la pompe biologique à carbone et finalement le climat, mais il transfère également de l'énergie et des nutriments, par exemple des protéines et des acides gras polyinsaturés à longue chaîne vers des niveaux trophiques supérieurs comme les petits poissons pélagiques (De Troch et al., 2012 ; Kainz et al., 2009 ; Richardson, 2008). Les petits poissons pélagiques comme le hareng ou la sardine représentent un niveau trophique intermédiaire entre la base planctonique du réseau trophique et les niveaux trophiques supérieurs comme les poissons piscivores, les mammifères marins et les oiseaux de mer (Beaugrand et al., 2014 ; Cury et al., 2000 ; Olin et coll., 2022 ; Richardson, 2008). Une compréhension des liens trophiques et de la dynamique entre le plancton et les petits poissons pélagiques est donc d'une importance cruciale pour la gestion des écosystèmes et le maintien des services écosystémiques marins comme la fourniture de nourriture et la régulation du climat (Cresson et al., 2020 ; Denis et al., 2018). ; Pitois et Fox, 2006 ; Woodward et al., 2010). Le potentiel trophique d'une région varie spatialement et temporellement et a une influence majeure sur la reproduction et le recrutement des poissons (Dauvin, 2012 ; Olin et al., 2022 ; Pitois et Fox, 2006 ; Van Ginderdeuren et al., 2014). Le potentiel trophique est défini par la quantité et la qualité des proies (Schoo et al., 2012). La proportion d'acides gras essentiels, par exemple, contribue largement à la qualité nutritionnelle des proies et dépend d'une combinaison de facteurs phylogénétiques et environnementaux (Persson et Vrede, 2006). Le sud de la mer du Nord et la Manche orientale (SNS-EEC) sont d'importantes zones d'alimentation, de frai et d'alevinage pour plusieurs espèces de poissons comme le hareng, le lançon et les gadidés (Denis et al., 2018 ; Munk et al., 2002 ; Olin et al., 2022). Ainsi, les connaissances sur la répartition spatiale du zooplancton sont importantes pour comprendre le développement des stocks de poissons, le fonctionnement des écosystèmes et pour fournir une base à la planification spatiale marine. La répartition spatiale mondiale des organismes planctoniques dans l'océan Atlantique et ses mers adjacentes a été récemment redéfinie (Beaugrand et al., 2019 ; Kléparski et al., 2021 ; Spalding et al., 2007). Le plan d'échantillonnage utilisé dans ces études ne couvre toutefois pas la Manche orientale, le détroit du Pas de Calais et la baie sud de la mer du Nord. D'autres études, bien que fournissant des informations précieuses, sont soit spatialement restreintes (Van Ginderdeuren et al., 2014), décrivant l'abondance du zooplancton taxon par taxon au lieu de travailler au niveau de l'assemblage (Fransz et al., 1991; Krause et al., 2003, 1995 ; Krause et Martens, 1990), ou en se concentrant sur les tendances temporelles et les espèces ou groupes taxonomiques distincts au lieu de définir et de décrire des communautés entières et leur répartition (Dudeck et al., 2021 ; Williams et al., 1993). De plus, les analyses combinées des communautés de mésozooplancton et d'ichtyoplancton sont rares (Dudeck et al., 2021), bien que d'importantes interactions entre ces groupes existent et que les deux servent de source de nourriture pour les niveaux trophiques supérieurs (Garrido et al., 2007). L'évaluation des communautés de zooplancton dans le SNS-EEC intégrant à la fois des taxons de mésozooplancton et d'ichtyoplancton sur deux années distinctes contribuera donc à une meilleure compréhension de la distribution spatiale et de la dynamique temporelle du potentiel trophique dans cette zone et de son influence sur les stocks de poissons. Il fournira en outre des informations sur les zones écologiquement importantes au regard des objectifs de conservation. Comme mentionné ci-dessus, la structure et l'abondance de la communauté zooplanctonique ne sont pas les seules à prendre en compte le potentiel nutritionnel d'une zone. Il est probable que tout changement dans la valeur nutritionnelle et la composition biochimique du zooplancton (par exemple, quantité et structure du contenu lipidique) affectera la dynamique des populations aux niveaux trophiques supérieurs ainsi que le fonctionnement global de l'écosystème. Cependant, il existe peu d'informations sur la composition nutritionnelle des assemblages de zooplancton, ou sur le transfert de leur potentiel nutritionnel vers des niveaux trophiques supérieurs, notamment dans la Manche. Ainsi, cette thèse vise à mieux comprendre la répartition spatiale du potentiel nutritionnel des petits poissons pélagiques au sein de la Manche, et d'améliorer encore les connaissances sur le lien trophique entre les différents compartiments de l'écosystème. Le fait que le réseau alimentaire planctonique soit plus complexe qu'une interaction producteur-consommateur à deux niveaux est cependant de plus en plus reconnu. Au lieu de deux, plusieurs niveaux trophiques existent avec une importance de l'omnivorie, du détritivore et de la boucle microbienne (Bode et al., 2004 ; Denis et al., 2018). Une meilleure compréhension des interactions trophiques au sein du réseau trophique planctonique aidera à comprendre la structure des communautés zooplanctoniques, à évaluer la vulnérabilité des communautés planctoniques aux changements des facteurs environnementaux et à définir des groupes fonctionnels planctoniques adéquats qui pourraient être incorporés dans des modèles et des études écosystémiques.