Thèse en cours

Tissage des mots et métissage des êtres. L'Être, la langue, et l'autre dans trois romans de William Faulkner : une lecture philosophique.

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Auteur / Autrice : Brooke Maddux
Direction : Michel Terestchenko
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 04/10/2021
Etablissement(s) : Reims
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Reims ; 2012-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : (CIRLEP) Centre Interdisciplinaire de Recherches sur les Langues Et la Pensée

Résumé

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Dans la foulée de la soutenance de mon mémoire de Masters de philosophie, « Cheminant avec Heidegger dans la Lumière d'Août : Lichtung et Dichtung dans un roman de William Faulkner », l'idée est de poursuivre comme projet de doctorat cette « lecture philosophique » du romancier du Mississippi. Ce qui vient naturellement à l'esprit, c'est l'examen phénoménologique attentif et éclairant de l'œuvre de Faulkner par le philosophe français, Claude Romano. Partant de cette vision phénoménologique, je voudrais prolonger la réflexion à la lumière d'un Heidegger tardif qui s'est éloigné du mouvement initié par Husserl, ouvrant ainsi la voie à l'éthique lévinasienne et à la déconstruction derridienne. Une telle approche vise à éviter ou du moins à contourner le risque d'enfermer l'œuvre littéraire dans un carcan conceptuel, et demanderait simultanément quelle sorte de « philosophie » pourrait être inventée qui ne se réduise pas aux oppositions. Il se peut que ce soit seulement ainsi que l'on puisse penser l'effet de surprise, l'effet « épiphanique », exercé sur la lectrice ou le lecteur par sa rencontre avec l'œuvre littéraire singulière. Il se trouverait là dans ce « moment of Being » (comme le dit Virginia Woolf) quelque chose du « sujet « – que nous distinguons du Soi, du Moi, de la subjectivité cartésienne – qui file entre les impasses du Réel, se cachant et se révélant dans les tours et détours du langage, et interpellant le lecteur au-delà de tout processus d'identification. J'ai choisi trois œuvres de Faulkner à explorer de cette façon : Light in August de nouveau, l'énigmatique Absalom!Absalom ! et Go Down Moses ! (en fait une collection d'histoires courtes thématiquement entrelacées). Si j'ai choisi ces trois livres, c'est que le remarquable tissage linguistique des textes semble faire écho à un autre entrecroisement – ​​celui du métissage (aucune relation étymologique pourtant entre les deux malgré l'homonymie partielle) du « noir » et du « blanc » chez certains des personnages qui peuplent ces trois œuvres. L'Imaginaire du « sang-mêlé » ici déployé, ravive, pour s'y consoler, les anciennes oppositions ; et les attitudes politiques et sociales qu'il suscite fonctionneraient comme un rempart contre l'angoisse inhérente à toute rencontre avec « l'autre ». Les « métis » des œuvres de Faulkner, comme la langue dont se sert l'auteur pour les raconter, sont autant de carrefours où la vérité comme l'Être lui-même se définit en s'éclipsant. Figure d'altérité « inclassable », le « métis » évoque cet « autre » originaire, lequel pour Faulkner, comme pour Heidegger et Lévinas, est déjà là, structurellement dans sa négation même, avant de devenir un autrui avec lequel on peut ou pas « s'entendre ».