Analyse multi-échelle de l'impact du lithium sur les microorganismes
Auteur / Autrice : | Nicolas Fierling |
Direction : | Pascale Bauda, Damien Blaudez |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Ecotoxicologie, Biodiversité, Ecosystèmes |
Date : | Soutenance en 2024 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LIEC - Laboratoire Interdisciplinaire des Environnements |
Equipe de recherche : EMMA - Ecologie Microbienne des Milieux Anthropisés | |
Jury : | Président / Présidente : Marc Hanikenne |
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Bauda, Damien Blaudez, Patrick Billard, Virginie Chapon, Sylvie Friant, Agnes Rodrigue | |
Rapporteur / Rapporteuse : Virginie Chapon, Marc Hanikenne |
Mots clés
Résumé
Le lithium (Li) est un métal stratégique dont les propriétés sont convoitées dans de nombreux domaines (fabrication d'alliage, médecine, nouvelles technologies). Par son rôle prédominant dans la fabrication des batteries, le Li est devenu indispensable pour la production d'énergie décarbonisée. Cependant, son rejet dans l'environnement associé à un faible taux de recyclage le placent comme un contaminant émergent dont la toxicité potentielle reste largement méconnue. Afin d'établir une base générale de l'impact du Li, nous avons, dans une première approche, exploré les effets du Li sur les communautés microbiennes telluriques. La mise en place de microcosmes de sol a permis d'étudier l'impact d'un gradient de LiCl sur la diversité et l'activité bactérienne et fongique. L'analyse par métabarcoding de la diversité fongique a révélé que Leptodontidium, Solicoccozyma et Trichoderma étaient négativement corrélés au gradient de Li, alors que Oidiodendron et Saitozyma étaient positivement corrélés. Concernant les bactéries, la majorité des genres était négativement impactée comme Conexibacter, Bradyrhizobium et Edaphobacter. A l'inverse, Alicyclobacillus, qui était minoritaire aux faibles concentrations, et devenu le taxa le plus abondant aux fortes concentrations. Corrélée à ces variations d'abondances, une baisse de l'activité de nombreuses enzymes comme la phytase, chitinase, glucuronidase et β-galactosidase a été mise en évidence. En parallèle, une campagne de prélèvement de sols, champignons et plantes dans des zones naturellement enrichies en Li a également permis de constater l'impact du Li sur les communautés microbiennes, ainsi qu'un faible transfert du Li d'origine naturelle dans les tissus fongiques et végétaux. Dans une deuxième approche, les réponses cellulaires et moléculaires à un stress Li ont été étudiées chez deux modèles : eucaryote Saccharomyces cerevisiae et procaryote Escherichia coli. Trois stratégies complémentaires et sans a priori de délétomique, protéomique et d'ingénierie évolutive ont ainsi été appliquées. La majorité des réponses au Li mises en évidence s'avèrent communes à d'autres métaux alcalins et alcalino-terreux. Le système de transport vacuolaire, endosomal et cytosolique, et la signalisation cellulaire sont des fonctions cruciales pour la réponse de la levure à un stress Li. La synthèse de la capsule et du peptidoglycane, impliquant la glycosyltransférase RodA, sont quant à elles centrales dans la réponse d'E. coli. Toutefois, des fonctions spécifiques au Li ont également pu être identifiées, tels que le système NMD (nonsense-mediated decay) chez S. cerevisiae, la sous-unité AcrA d'une pompe à efflux chez E. coli ou la synthèse d'acides aminés chez les deux organismes. En conclusion, ces travaux de thèse constituent une base solide et multi-échelle des réponses des microorganismes exposés à ce contaminant émergent. Les résultats obtenus fournissent de nouvelles données sur les mécanismes de toxicité et de résistance spécifiques au Li de ces deux organismes modèles, et soulignent l'importance d'une stratégie multi-approches dans la caractérisation des mécanismes moléculaires mis ne place en réponse au stress Li.