Thèse en cours

Faire ou ne pas faire comme les autres ? Normativité du conformisme et rôle des besoins psychologiques dans l'influence majoritaire.

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Auteur / Autrice : Carla Capuano
Direction : Peggy Chekroun
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie
Date : Inscription en doctorat le 14/10/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale
Equipe de recherche : Psychologie sociale des comportements et de la cognition

Résumé

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Le conformisme définit, en psychologie sociale, le changement de comportement ou d'attitude chez un individu confronté à une position majoritaire. Il peut s'agir du fait de se conformer à une norme sociale, aux comportements et attitudes qui sont considérés comme acceptables et désirables pour la société dans laquelle on vit, ou simplement à la position consensuelle des membres d'un groupe d'individus. Cette forme d'influence du groupe est un phénomène auquel les individus sont confrontés fréquemment dans leur vie quotidienne et qui a suscité l'intérêt des psychologues sociaux dès les années 50. De nombreuses études ont en effet mis en évidence la prévalence du conformisme chez les individus (Asch, 1951 ; Deutsch et Gérard, 1955), illustrant et expliquant expérimentalement cette forme d'influence. Les travaux montrent qu'il est difficile pour les individus de rester indépendants et de maintenir leur opinion face à une majorité consensuelle, y compris lorsque celle-ci est dans l'erreur. L'une des premières études sur le conformisme a ainsi montré que, dans une tâche de perception visuelle simple, au moins une fois pendant l'expérience, 74% des individus suivaient l'avis d'une majorité objectivement dans l'erreur et donnaient eux aussi la mauvaise réponse tout en ayant conscience qu'il s'agissait d'une erreur (Asch, 1951). Bien que contraignant les individus, le conformisme est considéré comme nécessaire pour le fonctionnement fluide des groupes sociaux et des relations sociales. Il est pourtant, en apparence, peu désirable, tandis que le non-conformisme – illustré par une valorisation de l'unicité des individus – est valorisé dans les médias ou les réseaux sociaux. L'objectif de la thèse consiste d'une part à vérifier la réplicabilité des travaux princeps ayant mis en évidence le conformisme dans les années 50 (Asch, 1951 ; Deutsch et Gérard, 1955), et, d'autre part, à mesurer la (contre-) normativité du conformisme. Les individus valorisent-ils et adhèrent-ils à une norme de non conformisme ? Dans une société où les différences des individus et où les divergences d'opinions sont encouragées, une résistance face à la pression majoritaire est-elle effective ? Certains facteurs contribuent-ils à favoriser ou inhiber la tendance individuelle au conformisme traditionnellement admise dans la discipline. Pour répondre à cette problématique de recherche, nous articulons notre projet en deux axes. Notre premier axe de recherche porte sur la normativité perçue du conformisme et du non-conformisme. Il s'agit de montrer dans quelle mesure les individus ont connaissance et valorisent à une norme de non-conformisme et s'ils se conforment autant que dans les études précédentes. Dans cet axe, nous nous attacherons également à mesurer la réalité contemporaine du conformisme dans les comportements individuels. Un second axe de recherche vise à comprendre l'impact de deux besoins fondamentaux sur la sensibilité au conformisme, en nous intéressant plus précisément aux deux types d'influence majoritaire mis en évidence dans la littérature : l'influence normative et l'influence informationnelle (Deutsch et Gérard, 1955). L'influence normative repose sur des préoccupations de nature sociale liées à la crainte du rejet ou de la stigmatisation. Nous posons donc l'hypothèse que les besoins fondamentaux en lien avec ces préoccupations sociales tels que le besoin d'appartenance (Baumeister & Leary, 1995) et le besoin d'unicité (Lalot et al., 2017) pourraient modérer l'apparition du conformisme. Ainsi, la menace de ces deux besoins fondamentaux pourrait moduler la susceptibilité à l'influence majoritaire.