L’utilisation du langage constitutionnel dans le discours politique de systèmes de pouvoir européens et latino-américains
Auteur / Autrice : | Chloé Petit |
Direction : | Guillaume Tusseau |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Mots clés
Résumé
Ce projet de recherche porte sur l’usage stratégique du langage juridique dans le discours politique. Les normes de langage et de comportement juridiques sont de plus en plus intégrées au discours politique, conduisant de nombreux auteurs à affirmer l’existence d’un basculement du pouvoir décisionnel du politique vers le juridique. Autrement dit, nos sociétés feraient face à un double phénomène de juridicisation et de judiciarisation sans précédent. L’objectif de cette recherche est de mettre en évidence les fonctionnalités sociologiques et politiques sous-jacentes à cette juridicisation du discours. Plutôt que de partir du présupposé que la sphère politique est inéluctablement envahie par le droit, cette étude veut s’attacher à montrer que le recours au langage juridique par le politique est conscient, et ne préjuge en rien d’un effacement de ce dernier. Le discours politique ne serait pas nécessairement réduit à un objet de plus en plus façonné par le droit. Au contraire, c’est le droit – analysé ici au travers du langage constitutionnel – qui pourrait être l’objet de stratégies politiques. L’enjeu est alors de démontrer quelles sont ces stratégies politiques derrière la mobilisation du langage constitutionnel. Ces significations non-manifestes seraient révélatrices des évolutions profondes du régime de domination politique. En effet, la médiation du droit permet de donner à la décision politique une légitimité nouvelle, une légitimité fondée sur l’imaginaire juridique. De même, l’emploi du langage juridique permettrait aux dirigeants de produire un discours technicisé, en dehors de la rationalité politique sur laquelle la critique a prise, et d’imposer ainsi une forme de consensus factuel non discutable. De sorte que le langage juridique pourrait être utilisé comme un outil de construction de la perception politique et démocratique. Enfin, la mise à l’épreuve de cette analyse au sein de différents systèmes de pouvoir d’Europe occidentale et d’Amérique latine vise à aboutir à une montée en généralité, c’est-à-dire à une interrogation sur les conditions de construction de la légitimité politique et sur les cadres généraux de régulation et de domination politique dans nos sociétés contemporaines.