Entre communs et faire commun : Les communautés rurales de l'Altiplano bolivien central face aux multiples crises qui les affectent
Auteur / Autrice : | Noémie Laborie |
Direction : | Pierre Bommel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | EFSA-Environnement, Territoires et Sociétés |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 30/01/2025 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : SENS - Savoirs, ENvironnement, Sociétés |
Jury : | Président / Présidente : Geneviève Cortes |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Becu, Franck Poupeau, Cécile Barnaud, Stéphanie Leyronas, William's DARé | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Becu, Franck Poupeau |
Mots clés
Résumé
L'Altiplano, situé à environ 3800 m daltitude entre le Pérou et la Bolivie, est une région où l'agriculture de subsistance et l'élevage sont essentiels pour les familles rurales. La croissance démographique et le morcellement des terres oblige toutefois de nombreux ménages à diversifier leurs activités pour compléter leurs revenus. La région subit une crise environnementale, exacerbée par le changement climatique et les activités anthropiques comme lintensification agricole, lindustrie minière et lurbanisation. Ces pressions, combinées à un manque de ressources et d'opportunités, incitent les populations rurales à migrer de façon pendulaire, saisonnière ou permanente vers les villes, les centres miniers ou létranger. La complexité du contexte justifie la mise en place dune démarche inductive, pluridisciplinaire et participative. Notre question de recherche est ainsi née dune première confrontation au terrain : « Comment les communautés rurales de lAltiplano central gouvernent-elles leurs communs pour faire face aux multiples crises qui les affectent ? ». Afin dy répondre, deux communautés autogouvernées reconnues territoires indigènes originaires et paysans sont étudiées comparativement. Pour parvenir à cette question, la faire évoluer et y répondre, nous nous sommes appuyés sur une analyse de la littérature ainsi que des données produites par des ateliers participatifs mobilisant des jeux de rôles et des enquêtes de terrain. Un premier jeu (Sumak Kawsay I) a été co-conçu avec une méthode innovante sappuyant sur les « surprises » pour réaliser un diagnostic et mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs et éleveurs. Sumak Kawsay I a ensuite servi de base pour élaborer un second jeu afin détudier lévolution de la gouvernance de la terre (foncier et ressource fourragère) et de leau dirrigation dans un contexte de sècheresse simulée. Sumak Kawsay II sest focalisé sur la renégociation des règles daccès de ces potentiels communs, ainsi quaux types de solutions mises en place ou à développer, individuelles ou collectives, pour faire face à cette crise. Ce jeu a également facilité la compréhension des principes de justice qui sous-tendent les règles daccès à leau dirrigation. Lanalyse des données denquêtes de terrain ont également donné lieu à des résultats significatifs. Nous caractérisons tout dabord la gouvernance de la terre et de leau dirrigation dans les deux communautés étudiées et évaluons sa durabilité à laide des principes directeurs dOstrom (1990). Nous nous penchons ensuite sur les modes daccès à ces ressources à travers le concept de faisceau de droits. Cela permet dappréhender la manière dont les communautés se définissent dans leur hétérogénéité, ainsi que les inégalités daccès aux arènes de décision et aux projets, à la terre et à leau, inégalités qui parfois sont vécues comme des injustices et varient largement dune communauté à lautre. Enfin, nous étudions le « faire commun » dans les communautés, qui constitue une approche complémentaire à celle des communs ostromiens. Afin de saisir ce « faire commun », nous analysons dune part la réciprocité entre les membres de la communauté pour questionner les tensions entre collectif et individualisme, et dautre part lattachement des membres de la communauté à lespace communautaire. Nous discutons finalement de lexistence dun commun de territoire, des enjeux de justice pour les communs excluants et des défis que devront relever les communautés pour que leurs membres puissent, sils le souhaitent, y vivre ensemble le mieux possible en faisant face aux crises en cours et à venir. Les apports de la thèse, dordre méthodologique et thématique, invitent à poursuivre une démarche de modélisation daccompagnement à léchelle du bassin versant afin dembrasser une plus grande diversité dacteurs et dusagers de leau et de faciliter un dialogue sur la durabilité de cette ressource.