La question de la démocratie chez Claude Lefort : paradoxes et enjeux de la modernité face au théologico-politique
Auteur / Autrice : | Claudia Terra |
Direction : | Jean-Claude Monod, Olivia Guaraldo |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2021 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université de Trente |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pays germaniques, transferts culturels (Paris) |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) |
Mots clés
Résumé
L'inspiration de ce travail vient de la volonté de comprendre philosophiquement la démocratie. À travers l'uvre de Claude Lefort il vise à éclairer la dissolution de l'intrication entre le théologique et le politique advenue avec la modernité. Cette idée directrice permet de penser la perte des repères derniers de la certitude et l'avènement d'un lieu vide du pouvoir en démocratie. En effet, la démocratie dépasse la configuration symbolique typique de la pré-modernité européenne esquissée par Lefort à travers les deux corps du roi de Kantorowicz. D'un côté le « corps de grâce » du Roi n'est plus assigné à un au-delà, de l'autre côté le corps mortel du Roi ne peut plus exprimer la substance de la communauté. Le pouvoir perd sa référence à une transcendance absolue qui lui donnait sa finalité et son ancrage dans un ordre divin ou naturel. Il perd en outre sa détermination positive parce que les gouvernants n'incarnent plus la communauté. On se propose ainsi de comprendre ces ruptures modernes et démocratiques en restituant les sources de la réflexion lefortienne et en traçant l'« historie philosophique » de la modernité. Néanmoins, il s'agit aussi de souligner la portée de l'« invention démocratique » et sa modalité inédite d'institution symbolique du social. Cela veut dire saisir dans quelle mesure le pouvoir en démocratie, désormais « désincorporé », ne soit pas une simple version négative de l'infrastructure théologico-politique. L'enjeux est de se situer sur la faille, la tension entre l'imprévisible de l'expérience moderne et son histoire, entre l'aventure d'indétermination radicale ouverte avec le déliement du nexus théologico-politique et les risques auxquels cette condition l'expose.