Morphologies et paysages de la ceinture fortifiée Séré de Rivières de Reims - apport de l'analyse pluridisciplinaire (approche spatiale SIG, lidar, historique, archéométrique).
Auteur / Autrice : | Pierre-Yves Ancelin |
Direction : | Alain Devos, Frédéric Gugelot |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Géographie et aménagement de l'espace |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2021 |
Etablissement(s) : | Reims |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Sciences de l'homme et de la société |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : GEGENA - Groupe d'Etude sur les Géomatériaux et ENvironnements Anthropisés |
Mots clés
Résumé
Après la défaite de 1870, la France se dote d'un système de défense original et imposant de 450 ouvrages, constitué de 3 rideaux de forts détachés (système Séré de Rivières) portant de l'artillerie. Ce système de régions fortifiées linéaires, comprend des forts de rideau (le long d'un front), d'arrêt, et de ceinture (autour des villes). La région de Reims, s'inscrit dans le second rideau avec une ceinture de 12 ouvrages fortifiés construits et modernisés entre 1875 et 1892. Il comprend 7 forts (Saint-Thierry, Brimont, Fresnes, Witry-Lès-Reims, Nogent L'Abbesse, Pompelle, Montbré), renforcés par des réduits et batteries annexes (Chenay, Loivre, Cran de Brimont, Berru, Nogent-L'Abbesse) et une vigie (Berru). Suite à la crise de l'obus torpille, ce dispositif s'avère obsolète et les forts sont désarmés en 1913. Durant la Grande Guerre, les forts de l'est de la ceinture sont englobés dans les réseaux de défense allemands et constituent des centres de résistance. Seul le fort de la Pompelle est repris par les français en première ligne. Cette intégration aux réseaux de tranchées et de boyaux induit d'importants travaux en surface et souterrains (travaux « 17 », abris, galeries à l'épreuve) et détermine de forts contrastes de conservation du patrimoine militaire durant la Grande Guerre. Après le conflit, les forts sont aménagés par les militaires (cellules de stockages de la BA 112 au fort de Nogent), versés aux communes, désaffectés, démantelés en carrières pour fournir en géomatériaux la reconstruction, reconvertis en musées (Pompelle) ou rachetés par des coopératives viticoles (Nogent). Leur devenir est donc très hétérogène entre désaffection et reconversion vers le tourisme de mémoire (Musée du fort de la Pompelle) ou l'notourisme (fort de Nogent). L'expansion urbaine de Reims s'inscrit dans les réseaux de défense, induisant des risques pyrotechniques (munitions non explosées), géotechniques (affaissements, effondrements liés aux cavités militaires) et archéologiques (recoupement de structures), mais elle constitue aussi un important potentiel de valorisation patrimoniale. A ce titre, les forts de la ceinture de Reims, méritent une étude scientifique qui s'intègre dans l'inscription des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de paysage culturel français en 2015. L'environnement des forts constitue des polémo-paysages caractéristiques des champs de bataille de Champagne, à espèces obsidionnales ou polémochores. Il fait l'objet de classements en zones naturelles d'intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF 210009864 Pompelle), et Natura 2000 (FR2100274 Mont de Berru, Massif de Saint-Thierry). L'objet du projet est de mieux connaitre, les ouvrages fortifiés du système Séré de Rivière de l'est de Reims, et de révéler les structures annexes en surface (gares, chemins de fer, cantonnement, plateformes d'artillerie, hôpitaux, nécropoles) et souterraines souvent méconnues (galeries, tunnels, abris, soutes à munitions). Les méthodes sont résolument croisées, avec les approches de géographie physique (analyse spatiale, SIG, télédétection, lidar), d'archéométrie (topographie souterraine, photogramétrie), d' histoire (archives françaises et allemandes) et de sciences de la terre (identification des géomatériaux des forts, dynamiques végétales, écologie). Le projet, fondamentalement pluridisciplinaire entre sciences humaines et sciences exactes, utilise les dimensions multi-scalaires (de l'ouvrage fortifié au territoire) et diachroniques (de 1870 à nos jours). Il croise les approches archivistiques, l'instrumentation de terrain et de laboratoire en proposant des sites ateliers en collaboration avec l'association du fort de Nogent et la ville de Reims (Pompelle). L'objectif est d'établir un diagnostic environnemental des sites fortifiés de la ceinture de Reims et de proposer des clés méthodologiques de détermination des aléas en utilisant comme zone atelier, le site exceptionnel du fort de Nogent (galerie de 1 km sécurisée) pour une reconversion potentielle à forts enjeux territoriaux (muséographie, notourisme).