Thèse en cours

Les questions de végétalité dans l'épistémologie historique française des années 1970.

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Auteur / Autrice : Judith Bastie
Direction : Guillaume Le blanc
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie politique
Date : Inscription en doctorat le 07/09/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : 624 - SCIENCES DES SOCIETES
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : LCSP (Labo. Changement Social et Politique)

Résumé

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Cette thèse se propose d’explorer les questions de végétalité dans l’épistémologie historique française des années 1970. Il s’agit de mettre en évidence une dimension jusqu’ici largement négligée des travaux de Georges Canguilhem, Michel Foucault, François Dagognet et François Delaporte : leur attention à la vie végétale. Les plantes ont constitué, pour ces penseurs du vivant, un enjeu conceptuel significatif. La notion de végétalité recouvre non seulement les formes d’expression biologiques propres aux plantes, mais aussi, toutes leurs manifestations symboliques. La végétalité forme un espace conceptuel où se croisent des enjeux ontologiques, épistémologiques et politique. Il s’agira à la d’explorer les questions qui ont surgis au sein de cet espace conceptuel, dans leur historicité propre. C’est à dire à la fois les questions que l’on a posé aux plantes, et celles que les plantes par leur étonnante singularité viennent poser à notre compréhension du vivant et de nos relations à nos milieux de vie. L’épistémologie historique française a engagé un premier repérage de ces questions de végétalité à travers l’histoire des sciences et des savoirs. Elle a aussi, par son attention aux discontinuités historiques, sa méfiance à l’égard des récits téléologiques, sa critique du progrès, œuvré à désanthropologiser les savoirs biologiques. Dans le sillage de Bachelard, aux côtés de Canguilhem, Foucault, Dagognet et Delaporte, nous documenterons les opérations de découpage, de catégorisation et de hiérarchisation du vivant qui ont permis d’invisibiliser ou de subordonner les formes de vies végétales au sein de l’histoire des sciences. Cette thèse s’inscrit dans un contexte contemporain de redéfinition de nos rapports au vivant, porté par l'urgence écologique et par une revalorisation théorique des formes de vie autres qu’humaines. Les plantes, en tant qu’agents fondamentaux des écosystèmes apparaissent désormais comme incontournables des réflexions écologiques contemporaines. Penser les plantes à partir des épistémologies historiques du vivant permet d’élaborer une critique des formes de savoirs qui ont longtemps marginalisé leur rôle, tout en possibilisant une philosophie végétale. Ce travail repose, en plus de l’exploration des œuvres de nos quatre auteurs, sur une double enquête archivistique. D’une part, l’étude des archives de Canguilhem (CAPHÉS), Foucault (Fonds Foucault, BNF), permet de mettre au jour des matériaux inédits (manuscrits, notes de lecture, correspondances) où la question végétale apparaît de manière plus explicite que dans les textes publiés. D’autre part, un travail d’archives au Muséum national d’Histoire naturelle permet de ressaisir le corpus naturaliste mobilisé par ces auteurs dans leurs épistémologies du vivant, et de reconstituer les chaînes de filiations conceptuelles dans lesquelles s’inscrivent leurs analyses. Cette thèse entend ainsi à contribuer à une philosophie végétale critique, et à dégager de nouvelles ressources conceptuelles pour penser aujourd’hui les relations entre humains et plantes, au sein de milieux de vie à réinventer.