Nullité : sanction ou remède. Contribution à l'étude des nullités absolue et relative.
Auteur / Autrice : | Quang Cuong Tran |
Direction : | Manuella Bourassin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 12/11/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre du Droit Civil des Affaires et du Contentieux Économique |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Au lendemain de la thèse de Japiot, la distinction bipartite des nullités repose sur un critère nouveau : l'intérêt protégé. Ce critère va rapidement révéler ses limites, notamment en raison du manque de netteté de la distinction entre l'intérêt privé et l'intérêt général et parce que le régime de certains cas de nullité s'éloigne de celui qu'appelle leur qualification. La théorie moderne des nullités contractuelles a ainsi fait l'objet d'études critiques. Si la plupart d'entre elles admettent que la nullité est une sanction de la violation d'une prescription légale, nombreuses s'emploient à démontrer l'insuffisance du critère de l'intérêt protégé, tantôt proposant un autre fondement de distinction des nullités relative et absolue, tantôt suggérant d'abandonner cette division. Mais en vain. Effectivement, la théorie moderne des nullités a été consacrée par la réforme du droit commun des contrats de 2016 (article 1179 du Code civil) et confortée depuis solennellement par la Cour de cassation. Ces évolutions récentes du droit positif n'évincent pas toutes les difficultés afférentes à la qualification et au régime des nullités. Pour contribuer à les résoudre, la thèse met en lumière la nature dualiste de la nullité : une sanction ou un remède. Cette découverte se fonde sur l'analyse conceptuelle du contrat, en l'occurrence une analyse dualiste qui l'appréhende autant comme une norme juridique que comme un acte volontaire. D'après ce point de vue, le contrat a une double dimension : d'une part, un acte volontaire conventionnel issu d'une rencontre de volontés, d'autre part, une norme juridique contractuelle résultant de la délégation du législateur à la volonté individuelle. Sous ce prisme, les conditions de validité du contrat apparaissent comme les conditions de l'intégration de l'acte volontaire dans l'ordre juridique. Elles répriment les excès de la volonté individuelle au regard des normes supérieures et elles assurent en outre l'exercice de la volonté individuelle à qui le législateur délègue le pouvoir créateur de norme. Ainsi, le regard croisé entre la volonté individuelle et la nullité apporte-t-il un éclaircissement à la théorie moderne des nullités, qui cache en réalité une distinction entre nullité-sanction et nullité-remède. La nullité-remède a pour répercussion de retirer à l'acte sa force normative et ses effets non voulus par l'auteur dont la volonté n'a pas été régulièrement exprimée, tandis que la nullité-sanction a pour résultat de disqualifier l'acte-norme juridique contractuelle. Cette distinction contribue non seulement à clarifier la classification des nullités mais aussi à mieux appréhender le régime de chaque nullité.